Fiche de cours portant sur l'évolution de la scène politique en France et plus particulièrement sur la bipolarisation droite-gauche.
[...] Le chassé-croisé des valeurs Pour autant, les interrogations subsistent sur la validité d'un clivage dont René Rémond (Les droites en France, 1954) nous dit qu'il est réducteur (reflet du cadre binaire propre à toute décision), mais aussi révélateur de l'action politique et d'une épaisseur historique dont il convient de se méfier. Gauche et droite ne sont pas fondées sur des critères intemporels ; loin d'être l'apanage exclusif d'un camp nombre d'idées politiques et de thèmes de campagne se sont, en effet, croisés et chevauchés tout au long des XIXe et XXe siècles : nationalisme et pacifisme, rôle de l'Etat, liberté individuelle, unité du territoire et de la République. [...]
[...] D'anciennes lignes de partage s'estompent, en particulier la question de la place du catholicisme dans l'Etat, voire celle de l'école. Frontières mouvantes Enfin si le clivage droite/gauche apparaît très marqué en ou 1981, il vole en éclats lors de la crise de Munich, de l'armistice de 1940 et du sabordage de la IIIe République, de la crise de la CED en 1954, de celle du 13 mai 1958 ou de la question algérienne. ou bien n'empêche pas des unions nationales comme en 1926-1928 (gouvernement Poincaré) ou 1947-1956 (jusqu'au gouvernement Mollet de front républicain voire en 2002 lors du second tour de l'élection présidentielle. [...]
[...] Néanmoins, les forces politiques, tout en faisant preuve de pragmatisme et en proposant de nouvelles solutions, font valoir des valeurs héritées de leur et de notre histoire politique, qui entretiennent un clivage qui est en réalité sans cesse mouvant. Cependant, conjugué avec le fait majoritaire qui fait coïncider sous la Ve République majorité présidentielle et majorité parlementaire, le clivage droite/gauche continue d'être opératoire et de structurer la vie politique nationale, sous réserve des périodes de cohabitation qui ont pu en brouiller les enjeux. [...]
[...] après que la gauche eut dénoncé au XIXe siècle un Etat accaparé par la classe dominante, quand la droite défendait l'Etat impartial, garant des libertés individuelles et de l'intérêt général. De même, si en 1871 un nationalisme de gauche s'oppose à un pacifisme de droite (versaillais), cette polarité s'inverse lors des affaires Boulanger et Dreyfus, jusqu'à la Première Guerre mondiale ; une nouvelle inversion se produit à la veille de la Seconde Guerre mondiale, les accords de Munich voyant s'opposer un pacifisme de droite et un nationalisme de gauche (clivage qui se retrouvera, après l'attaque allemande contre l'URSS, avec le rôle du PCF dans la résistance en particulier, de même que les démocrates-chrétiens) ; un nouvel effet de bascule, enfin, est consécutif aux guerres de décolonisation ou aux tensions Est/Ouest après 1945. [...]
[...] La consultation régulière des Français dans un système de démocratie représentative (malgré la parenthèse de Vichy et l'instabilité gouvernementale chronique jusqu'à la mise en place de la Ve République en 1958) a contribué à cette bipolarisation, lors des élections, autour de forces politiques classées à gauche ou à droite, quand bien même la France a longtemps été gouvernée au centre. On peut convenir en effet que les communistes, les socialistes et les radicaux constituent la gauche, reflet d'une pluralité que l'on retrouve symétriquement à droite où l'on distingue une droite modérée, une droite conservatrice et une droite nationale-populiste ; au-delà de ce clivage, un centre démocrate- chrétien, qui n'a pas véritablement percé au-delà du MRP au lendemain de la guerre (transformé en CDS en 1966 et absorbé dans l'UDF depuis), mais qui suscite l'intérêt de la gauche comme de la droite, pour gagner le pouvoir au centre en général. [...]
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