L'autonomie du mouvement populaire parisien sort brisée de la période complexe issue du 10 août 1792. La Convention doit imposer son autorité aussi bien à la Commune insurrectionnelle issue du 10 août 1792, qu'au mouvement sans-culotte. La Commune insurrectionnelle, qui s'était heurtée dès août 1792 à l'Assemblée législative, joue un rôle essentiel dans l'agitation politique à Paris, qu'elle l'entretienne délibérément ou qu'elle se borne à l'accompagner. Portée par les sans-culottes des 48 sections, elle réclame très tôt des mesures radicales. C'est, en mai 1793, la création par la Convention d'une Commission dite « des douze », composée de Girondins, qui déclenche l'affrontement majeur entre l'Assemblée et la Commune. Cette commission, chargée d'examiner les décisions des autorités municipales jugées « anarchiques », fait arrêter Hébert le 24 mai, ce qui suscite de vigoureuses protestations.
C'est alors le début d'une seconde période qui voit la Commune, influencée par les Hébertistes, se heurter à la Convention désormais dominée par la Montagne. Si, en septembre 1793, la Commune, par l'intermédiaire de Chaumette, est encore très présente dans les « journées révolutionnaires » qui réclament la mise de la Terreur à l'ordre du jour, la Convention n'impose pas moins progressivement son autorité. C'est tout d'abord le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1793) qui rappelle que « la Convention est le centre unique de l'impulsion révolutionnaire » ; ce faisant, il réduit les pouvoirs de la Commune, et transforme son procureur et ses substituts en simples « agents nationaux », soumis au contrôle du Comité de Salut Public.
C'est ensuite et surtout l'épuration du printemps 1794 qui, à l'occasion de l'arrestation des Hébertistes, remplace de nombreux membres de la Commune par de nouveaux venus choisis par le Comité de Salut Public. Cette « Commune robespierriste » comme l'appellent certains historiens, devient alors un rouage de la politique gouvernementale et cesse d'être un porte-parole pour les militants les plus radicaux.
Les premiers temps de la République ont pourtant été une sorte d'âge d'or de la prise de parole populaire, avec ce personnage central qu'est le sans-culotte. Le sans-culotte ne connaîtra qu'une existence très brève, de 1792 à 1795. L'ère classique est encore plus éphémère : du printemps 1793 à l'arrêt de la déchristianisation en novembre de la même année. Ce bref résumé nous rappelle d'emblée que le sans-culotte se situe dans un double champ, parisien et révolutionnaire, social et politique.
[...] Le problème des structures sans-culottes : 13 C. L'effondrement des sans-culottes : Division de la sans-culotterie : Les dernières journées parisiennes : Héritages 15 Contexte : pouvoir et contre-pouvoirs Dans la capitale, la Convention doit imposer son autorité aussi bien à la Commune insurrectionnelle issue du 10 août 1792, qu'au mouvement sans- culotte. La Commune insurrectionnelle, qui s'était heurtée dès août 1792 à l'Assemblée législative, joue un rôle essentiel dans l'agitation politique à Paris, qu'elle l'entretienne délibérément ou qu'elle se borne à l'accompagner. [...]
[...] La volonté d'une réduction des inégalités sociales. L'application du droit à l'insurrection, consacré par la Déclaration des droits de 1793 (articles et 35). Les militants réguliers constituent une petite minorité, puisqu'à peine des hommes participent de manière assidue aux assemblées des sections parisiennes, un second cercle étant formé par tout ceux qui s'informent par voie de presse rôle important de l'Ami du Peuple, et surtout qui se mobilisent en masse lors des journées révolutionnaires Participer à la vie politique, c'est alors se lever, les armes à la main, et se dire les hommes du 14 juillet, du 10 août, des 31 mai et 2 juin Sans-culotterie parisienne et sections Au sein des espaces parisiens précédemment cités (faubourgs Saint Antoine et Saint Marcel) émergent des lieux de sociabilité politique au sein desquels se formalisent progressivement les discours et les pratiques des sans-culottes, des lieux qui s'imposent comme les supports majeurs de leur intervention dans l'espace politique : les sections Sections et militantisme populaire Les sections de Paris sont créées par la loi sur les municipalités, votée par la Constituante le 21 mai 1790 (et sanctionnée par le Roi par la suite). [...]
[...] De nombreux nuages annonciateurs l'ont précédée. Ainsi, la production iconographique révèle une lente mais radicale altération du thème religieux dans les images. On passe ainsi de la caricature répandue du bon prélat favorable à l'abolition des droits féodaux pour en arriver à des représentations satiriques, obscènes, anti- pontificales, des plus grossières. En un sens, la flambée déchristianisatrice a déjà été rêvée, fantasmée et vécue symboliquement avant même le passage à l'acte (Michel Vovelle). Entre 1791 et 1793, on observe une montée de l'anticléricalisme dans les milieux populaires urbains, et, à l'opposé, une radicalisation des catholiques qui refusent énergiquement la constitution. [...]
[...] Le 12 germinal an III (1er avril 1795), une mobilisation des sections aboutit à la réclamation de la baisse des prix et de l'application de la Constitution de l'an I. Manifestation de mécontentement plus que véritable insurrection, la journée est cependant utilisée par le gouvernement afin de développer sa politique autoritaire. Paris est décrété en état de siège, une partie des sections désarmées et les députés qui avaient répondu favorablement aux revendications populaires sont arrêtés. Les sans-culottes et autres manifestants sont évacués de la Convention : c'est une victoire de l'Assemblée sur la rue. [...]
[...] Le sans-culotte est un être grégaire. Il vit parmi et pour les autres. L'orateur sans-culotte ne manque pas de se présenter comme l'émanation d'un groupe, d'un comité, d'une assemblée, de sa section ou de son quartier. C'est avec raison que le Girondin Vergniaud dira de ces anarchistes (qu'il déteste) que peu s'en est fallu qu'ils n'aient bouleversé la République, en faisant croire à chaque section que la souveraineté résidait en son sein Exemple de cette conscience de groupe : les sans-culottes refusent les pétitions individualisées sur lesquelles chacun apposerait son nom et qui rompraient ainsi l'unité fraternelle et lui opposent les pétitions collectives. [...]
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