En 1914, beaucoup d'Antillais manifestent leur loyauté à l'égard du Royaume-Uni. Mais la guerre génère des tensions. En particulier des tensions raciales : les Britanniques ne souhaitent pas que les Noirs antillais participent aux combats. Ils veulent plutôt les employer à divers travaux en marge de la guerre. Le mécontentement des soldats antillais culmine avec la mutinerie de plusieurs bataillons à Tarente en décembre 1918. Un certain nombre d'officiers antillais forment alors la ligue caraïbe. Dans un certain nombre de réunions secrètes, ils évoquent une union plus étroite entre les colonies antillaises après la guerre et l'auto-détermination pour les Noirs. Le Colonial Office est bien entendu au courant de ces réunions et il redoute que les membres de cette ligue, dont beaucoup sont jamaïcains, puissent provoquer des troubles. Il avertit donc le gouverneur de la Jamaïque et demande le stationnement d'un navire de guerre près de la Jamaïque pendant les premières phases de la démobilisation. Les troubles qui se produisent sont cependant moins graves que ce que redoutaient les autorités. Il y a néanmoins des émeutes et des grèves en Jamaïque, au Honduras britannique et à Trinidad en 1919. Les autorités attribuent ces événements à l'influence des soldats revenus dans les Antilles avec une conscience accrue des divisions sociales et raciales. Ces deux aspects sont effectivement importants et, dans un assez large mesure, dans les Caraïbes, liés.
. Troubles sociaux : la guerre entraîne une hausse du coût de la vie, mais il n'y a pas d'augmentation des salaires. Beaucoup de grèves proviennent du mécontentement provoqué par ces questions salariales. Les conditions de travail peuvent aussi poser problème. D'où l'émergence de syndicats, par exemple la Jamaican Federation of Labour.
. Divisions raciales. Sens accru d'une identité noire dont Marcus Garvey est l'un des principaux responsables. Avant 1914, Garvey avait fondé l'Universal Negro Improvement Association, dans sa terre natale, la Jamaïque. Mais il est peu suivi avant son installation aux Etats-Unis. L'aspect des idées de Garvey qui a le plus grand impact aux Etats-Unis est l'idée qu'il y a un nationalisme noir (...)
[...] La classe moyenne noire est en effet hostile au système de la Crown Colony. Il l'empêche en effet de participer pleinement à la vie politique. Les postes les plus élevés de l'administration sont en outre généralement réservés à des expatriés britanniques. Le système de la Crown Colony est de plus devenu une oligarchie où les intérêts des grands capitalistes sont privilégiés, leur influence s'exerçant par le biais de contacts officieux. La revendication d'une fin du système de la Crown Colony est particulièrement marquée à La Grenade où un groupe de Noirs de la classe moyenne forme dès 1914 une Association pour le Gouvernement représentatif. [...]
[...] Cette crise structurelle aggrave la situation sociale. Les employeurs réduisent fortement les salaires. Le chômage et le sous-emploi s'aggravent. Ceci est renforcé par la croissance rapide de la population. Ces problèmes sont accrus par la fermeture des débouchés à l'émigration, particulièrement aux Etats-Unis, à Cuba et à Panama qui avaient jusqu'alors absorbé beaucoup d'Antillais. En 1924, la législation américaine met en effet pratiquement fin à l'immigration antillaise. Dans les années 1920, l'économie des principaux pays d'accueil des immigrants dans les Antilles ou en Amérique centrale est en effet entrée dans une phase dépressive. [...]
[...] Les recommandations faites par Wood sont suivies. En 1924, des membres élus au suffrage restreint sont ajoutés au Conseil législatif : à Trinidad et Tobago et à La Dominique. Ceci étant, la continuité l'emporte sur les ruptures. Le progrès vers l'autonomie est encore perçu comme un processus lent et le statut de colonie de la couronne est celui qui paraît le mieux adapté aux Antilles pour un avenir prévisible. C'est ainsi qu'en 1928 le statut de Colonie de la Couronne est introduit en Guyane britannique qui, jusqu'alors, avait conservé un système représentatif d'inspiration hollandaise. [...]
[...] Refus du gouverneur Eyre (1815-1901, explorateur en Australie puis gouverneur de divers territoires).11 octobre 1865, les Noirs marchent sur Morant Bay morts. Le gouverneur Eyre envoie des troupes. Chasser les rebelles. Dure répression : plusieurs centaines de morts. Arrestation de Gordon, homme politique mulâtre, évangéliste, très critique d'Eyre. Considéré par celui-ci comme le responsable de la rébellion. Gordon est jugé (en fait contre toutes les procédures légales) et pendu. Cette répression et en particulier l'affaire Gordon provoque une énorme polémique en Angleterre : John Stuart Mill organise le Jamaica Committee qui demande le jugement du gouverneur Eyre pour meurtre. [...]
[...] Les humanitaires qui ont obtenu l'abolition de la traite, pensaient que cette abolition allait pousser les propriétaires à améliorer le sort des esclaves. Non. Sauf exception : La Barbade. Les esclaves de ces îles sont au courant de l'existence du courant abolitionniste. Cela contribue à des révoltes, par exemple celle de la Jamaïque en 1831. La fin de l'esclavage a des conséquences importantes. Dans beaucoup de colonies, les assemblées comptent désormais un grand nombre de Noirs et de mulâtres qui soutiennent la politique impériale. [...]
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