Tout comme La Lutte des classes, Le dix huit Brumaire de Louis Bonaparte constitue un ouvrage de réflexion sur l'histoire immédiate. A la fois historien, sociologue, journaliste et pamphletiste, Marx utilise pour cette oeuvre des organes de presse française et étrangère, des témoignages directs et des outils statistiques de l'époque, et reprend certaines des thèses qu'il avait exposées dans La Lutte des classes en les corrigeant si nécessaire. En véritable historien, Marx refuse de présenter le coup d'Etat comme une simple aventure individuelle, et s'attache à en mettre en lumière les racines sociales, à l'interpréter comme une mutation des structures étatiques, à le resituer dans l'histoire plus longue de la deuxième République...
[...] En revanche, lors de chaque conflit avec Louis Napoléon, les royalistes se posent en défenseurs de la république. Pour contrer la bourgeoisie coalisée, les ouvriers et les petits bourgeois s'unissent dans le parti social-démocrate. Leur représentation parlementaire, le Montagne, qui a retrouvé sa popularité, s'allie avec les chefs socialistes : les revendications prolétariennes révolutionnaires s'adoucissent en se présentant sous un aspect démocratique, même si la note socialiste demeure. Il s'agit ni plus ni moins de la création de la démocratie sociale. [...]
[...] Pour contrer cette victoire, les anciennes puissances sociales s'unissent à la masse paysanne et à la petite bourgeoisie. La période de la Constitution de la République constitue quant à elle la fondation de la République bourgeoise Le 4 Mai, l'Assemblée Nationale élue par la nation représente la nation, et non le prolétariat parisien : elle incarne la protestation contre les espoirs et les projets de Février. Son but est d'utiliser les acquis de la Révolution pour fonder une république bourgeoise. [...]
[...] Le concept de classe sociale dans Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte de Karl Marx Au milieu du XIXè siècle en Europe, la réaction a partout triomphé des révolutions de 1848. Une répression incroyable s'est abattue sur les libéraux et les démocrates, qui ont été obligés de s'exiler. Karl Marx est l'un d'entre eux et se trouve à Londres depuis l'été 1849. Il s'intéresse de près à la France, seul pays européen dont la situation politique offre encore des débouchés autres que le retour à l'ordre ancien. [...]
[...] Le grand parti d'opposition est la Montagne, parti social démocrate dirigé par Ledru-Rollin. Celui-ci est en fait aussi fort que toutes les fractions du parti de l'ordre prises séparément, possède une grande influence dans les campagnes et compte quasiment tous les députés parisiens. Le 29 Mai 1849 il possède donc toutes les chances de succès, mais perd tout deux semaines plus tard. Il convient donc de remarquer ici que la lutte politique ne se résume plus à une simple lutte entre républicains et royalistes, puisque les différentes fractions royalistes unies contre la république représentée par la Montagne en viennent à se battre pour le pouvoir. [...]
[...] En tant que sociologue, Marx insiste ici sur le rôle de la tradition et de l'éducation dans le phénomène de sentiment d'appartenance à une classe et dans l'établissement de normes sociales communes et partagées. Chaque individu se croit libre de son action mais ses propres motivations lui échappent. Ce sont donc bien les divergences d'intérêts qui interdisent l'union des orléanistes et des légitimistes. On remarque ici l'opposition entre les comportements publics et les comportements privés : la lutte a lieu dans la presse, en dehors du parlement, mais ne se ressent pas dans les actions publiques politiques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture