« Année terrible » (Michel Winock), « année où le monde a tremblé » (Dominique Desanti), 1947 est présentée comme l'année matrice de la guerre froide. Nous allons étudier comment s'amorça au cours de cette année 1947 l'engrenage de la décolonisation et surtout de la Guerre froide qui ont ensemble structuré la seconde partie du XXe siècle. L'Europe, coincée entre les deux « Grands », détruite par la guerre, vit sa puissance coloniale remise en cause et sa division entérinée par, d'une part, la politique américaine de containment du communisme et, d'autre part, la riposte politique soviétique.
[...] Or, selon Truman, une victoire des communistes en Grèce et en Turquie aurait ouvert le Moyen-Orient à l'influence communiste et accru le risque d'une poussée du communisme en Europe de l'Ouest, en particulier en Italie. Au nom de sa doctrine du containment, il demanda au Congrès américain de voter une aide de 400 millions de dollar en faveur de la Turquie et de la Grèce. Le discours Truman et le vote de cette aide financière à la Grèce et à la Turquie ne furent que les deux premiers actes de la politique du containment. Dès le 22 mars, fut promulgué le Truman Loyalty Program visant à enquêter sur d'éventuelles infiltrations communistes dans l'administration. [...]
[...] L'Europe, à peine sortie de la guerre, vit sa domination coloniale remise en cause Le difficile règlement de la paix et la fin de la Grande Alliance Après de très longues et difficiles négociations, un traité de paix fut enfin signé à Paris le 10 février 1947 entre les alliés victorieux et les anciens alliés européens d'Hitler (mais pas l'Allemagne). Ce traité régla le sort de l'Italie vaincue. La Yougoslavie, profitant du prestige de seul pays à s'être libéré lui-même du joug nazi, obtint la majorité de l'Istrie. Les communes de Tende et de La Brigue furent rattachées à la France. [...]
[...] Les idéaux proclamés en août 1941 dans la Charte de l'Atlantique et les positions anticolonialistes des Etats- Unis et de l'URSS encourageaient les mouvements indépendantistes qui s'affirmèrent. Si de nombreux troubles avaient déjà eu lieu avant 1947, cette année marqua un tournant majeur avec l'indépendance du joyau de l'Empire britannique. En février 1947, le Premier ministre britannique Clement Attlee annonça que son gouvernement abandonnerait son pouvoir à l'Inde avant le 30 juin 1948. Lord Mountbatten, nommé vice-roi en mars 1947, fut chargé de gérer la période de transition et, face au risque de guerre civile entre hindous et musulmans, accéléra le processus. [...]
[...] Le débat consistant à déterminer qui des Etats-Unis ou de l'URSS fut le responsable de cet engrenage n'a cessé de diviser les historiens depuis lors. Est-ce l'offensive politique du président Truman qui contraint Staline à satelliser l'Europe de l'Est ou celui-ci l'avait-il déjà décidé ? La guerre froide n'était-elle pas de toute façon inévitable dans un système international aussi hétérogène ? [...]
[...] Désormais, la rupture du continent européen en deux blocs était une réalité. Le 12 juillet 1947, se tint à Paris la Conférence des Seize, réunissant les nations européennes ayant accepté le plan Marshall. L'Autriche, la Belgique, le Danemark, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-bas, le Portugal, la Suède, la Suisse et la Turquie sont présents aux côtés de la France et du Royaume- Uni. Les pays d'Europe de l'Est avaient décliné l'invitation sur injonction de Staline. [...]
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