Ce point de vue seul lui permet d'expliquer pourquoi, dans un siècle recelant tant d'oppositions potentiellement annihilatrices, le monde a échappé à la destruction, et s'est même développé plus rapidement que durant aucune autre période. Selon lui, ces grands conflits n'ont pas été stériles, et ont permis aux camps en présence de progresser. Ce mouvement dialectique a permis au vainqueur du conflit – à savoir les Etats-Unis et avec eux le monde capitaliste, d'intégrer certaines caractéristiques du bloc opposé et d'évoluer en dépassant le conflit.
L'auteur divise la période chronologiquement en trois parties, puis thématiquement à l'intérieur de ces grands chapitres. La période 1917-1991 peut selon lui être séparée en « ère des catastrophes »(jusqu'en 1945), un « âge d'or » (1945-1973) et une « débâcle » (à partir de 1973). Ce découpage s'explique par le fait que l'affrontement est mis au centre de la réflexion de Hobsbawm, et que ces trois phases représentent des évolutions considérables des modalités et des finalités du conflit entre « les extrêmes »...
[...] Un autre point sur lequel Hobsbawm est critiquable, c'est sur son style : non qu'il écrive mal, bien au contraire. Mais sa manie de citer ses ouvrages précédents, d'utiliser un vocabulaire qui lui est spécifique et dont il est l'inventeur le long XIXème siècle le court XXème siècle etc.), ou de se lancer dans des raccourcis volontaires censés être drôles la Deuxième Guerre Mondiale a été une leçon de géographie etc.), peut être à la longue assez agaçante. L'aspect manuel de l'ouvrage explique que, dans ses présentations thématiques à l'intérieur d'une même partie chronologique, l'auteur en vienne à se répéter ; mais le lecteur qui ne cherche pas un renseignement sur un point spécifique, et entreprend de lire les quelques sept cents cinquante pages (hors bibliographie) de l'ouvrage, n'appréciera pas obligatoirement ces redites, ni les longs développements très techniques. [...]
[...] Il évoque la déliquescence des Etats et la possibilité pour des groupements terroristes de parvenir à déstabiliser durablement le monde. Hobsbawm n'est finalement pas si loin de certaines conclusions de Glucksmann lorsqu'il analyse la chute de l'idéologie portée par l'URSS : c'est bel et bien selon lui une plongée vers un monde nihiliste et très inquiétant (il est vrai que pour Glucksmann, le communisme ne faisait que masquer le nihilisme, alors qu'il l'endiguait selon Hobsbawm ) 8. Critique et appréciation de l'œuvre Les critiques que l'on peut adresser au livre peuvent traiter parfois de points spécifiques, elles sont néanmoins généralement liées à des problèmes plus profonds. [...]
[...] L'âge des extrêmes, Eric J. Hobsbawm 1. L'auteur Membre de la British Academy et de l'American Academy of Arts and Sciences, Eric J. Hobsbawm est un historien britannique réputé pour son aptitude à retranscrire les grands mouvements qui traversent les siècles, et le caractère monumental de son œuvre se révèle dans des livres comme L'ère des révolutions, L'ère du capital ou L'ère des empires . A travers ces trois ouvrages, il retraçait l'histoire du long XIXème siècle le décrivant comme l'époque des nationalismes. [...]
[...] La troisième période est révélatrice, elle, de la trans-nationalisation de la lutte qui redevient idéologique (avec, notamment, le néo-libéralisme), qui implique moins des blocs politiquement organisés que des groupes d'individus (c'est l'époque d'une résurgence du terrorisme), en bref, qui devient de plus en plus désordonnée Son analyse : que s'est-il passé durant le siècle ? On assiste tout d'abord à une modification de la structure de l'espace étudié : ce monde est de plus en plus globalisé (à la différence du siècle précédent durant lequel Hobsbawm préfère parler d'internationalisation du monde) et les évolutions qui touchent une de ses parties ont des répercussions dans toutes les autres. [...]
[...] Le deuxième point très spécifique sur lequel Hobsbawm tient à insister, c'est sur l'évolution du vécu des masses qui caractérise le XXème siècle. C'est selon lui le fait majeur du siècle, le grand bouleversement. Ainsi les évolutions sociologiques qui concernent tant la situation économique vécue, la socialisation politique, que les questions culturelles ou technologiques sont premières dans le cadre d'une interprétation du siècle. Cette attention portée à la sociologie, à l'ethnologie, à l'économie, différencie profondément cet ouvrage des autres livres d'histoire sur le sujet. [...]
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