« Dans l'URSS stalinienne, la violence massive exercée par le régime s'est portée vers l'intérieur, sur la société soviétique elle-même. » Changeante, frappant toutes les catégories sociales, du haut dignitaire du parti au simple moujik (de 1920 à 1950, un adulte sur 5 passa au Goulag), la violence a pour but de supprimer l'ennemi. On distingue quatre logiques politiques à l'œuvre :
· Paranoïa d'un dictateur construisant son propre culte face à des « compagnons d'armes » qui risquaient de flairer la « trahison » du « meilleur disciple de Lénine ».
· La terreur des années 30 dirigée contre les cadres du parti ou de l'économie peut apparaître comme un instrument de construction d'un Etat despotique et centralisé face aux velléités d'indépendance des petits chefs locaux, soucieux de conserver leur influence.
· La logique de violence dont furent victimes les petites gens reposait sur une criminalisation des comportements des citoyens par une répression du vol de la « propriété d'Etat » (le pays tout entier était devenu « une nation de voleurs » selon Staline !)
· La violence exercée contre des ethnies non russes trouve ses origines dans un chauvinisme grand-russien, une xénophobie et un anti-sémitisme.
[...] et Burrin P., les logiques de la violence I. Logiques de la violence dans l'URSS stalinienne, par Nicolas WERTH Dans l'URSS stalinienne, la violence massive exercée par le régime s'est portée vers l'intérieur, sur la société soviétique elle-même. Changeante, frappant toutes les catégories sociales, du haut dignitaire du parti au simple moujik (de 1920 à 1950, un adulte sur 5 passa au Goulag), la violence a pour but de supprimer l'ennemi. On distingue quatre logiques politiques à l'œuvre : paranoïa d'un dictateur construisant son propre culte face à des compagnons d'armes qui risquaient de flairer la trahison du meilleur disciple de Lénine la terreur des années 30 dirigée contre les cadres du parti ou de l'économie peut apparaître comme un instrument de construction d'un Etat despotique et centralisé face aux velléités d'indépendance des petits chefs locaux, soucieux de conserver leur influence. [...]
[...] Dans ce contexte, la logique extra-légale du NKVD allait croissant. Avec la Grande Terreur cette thématique de l'ennemi masqué triomphe. Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, le processus ne fut pas incontrôlable. Dans les années d'après-guerre, une nouvelle frontière se dessine entre légal et extra-légal avec une juridicisation de la violence et l'instauration d'une loi bureaucratique Ce passage vers un second stalinisme marque la volonté de contrôler, maîtriser, centraliser l'organisation de la justice pour plus d'efficacité. En revanche, la répression mise en œuvre par ces tribunaux ne cessa de s'intensifier. [...]
[...] S'il y a eu de 1933 à 1945 un apprentissage de la violence, celui-ci aurait été fait avec une facilité moins déconcertante si l'idéologie, la culture et les mentalités politiques du nazisme n'y avaient pas été prédisposées Les logiques à l'oeuvre dans la violence 1. La répression politique Neutraliser les adversaires du régime dans le Reich comme dans les territoires occupés ->lutte contre les opposants actifs, criminalisation de comportements et attitudes qui relèvent en régime libéral de la sphère privée. Répression politique des opposants (communistes, socialistes) donc, mais également des opinions déviantes (Témoins de Jéhovah). En revanche, le parti Nazi ne connu pas de purges comme les purges staliniennes. [...]
[...] La violence secrète C'est la violence des camps. Violence physique, d'une part, avec les punitions corporelles, et violence psychique d'autre part par la volonté des gardiens de briser et d'abaisser, de déshumaniser les détenus. Violence secrète également dans le meurtre de masse par fusillade ou par gazage, témoignant d'une rationalisation quasi industrielle de la violence. [...]
[...] L'été 1932 est un moment clé puisque la perception de l'ennemi change. Il devient le voleur de la propriété sociale Le vote de la loi du 7 août ouvre la voie à une criminalisation-politisation d'un nombre croissant de petits délits, remplissant ainsi les Goulags. Aboutissement d'une logique mise en œuvre avec la collectivisation, forme extrême de la violence et régression, la famine est aussi un événement pivot qui ouvre la voie au paroxysme criminel du stalinisme, la Grande Terreur de 1937-1938 Entre 1932 et 1937, le nombre de détenus des colonies et des camps de travail a été multiplié par six. [...]
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