Sciences politiques, La ville européenne outre-mer, Odile Goerg, Xavier Huetz de Lemps, ville coloniale, lieu de tensions, ville de pouvoirs, ville multiple et plurielle, ville métissée à l'allure baroque
Qu'est-ce que la ville coloniale ? La question est simple, mais la réponse est bien évidemment complexe. La ville coloniale est un lieu de tensions où coexistent plusieurs populations exerçant entre elles des rapports de domination et de pouvoir. C'est à la fois une ville puissante qui centralise les pouvoirs (administratif, militaire et économique) et en même temps un espace vulnérable et faible (Lieu de mixité ethnique et sociale débouchant sur des troubles, développement des idées nationalistes, indépendantistes et de coups d'État.)
Comment décrire la ville coloniale et comment mettre en avant les particularités de ce lieu atypique ? Tels sont les enjeux de ce livre qui, analyse les différents aspects de la ville coloniale perçue à la fois comme l'espace urbain le plus exacerbé de la colonie, un lieu de tensions humaines, mais aussi un espace jeune et fragile, le tout plongé, dans une atmosphère résolument baroque par rapport aux villes européennes.
[...] II) La ville multiple et plurielle. Le repli sur soi Vivre dans la ville coloniale signifie aussi vivre séparément. Si les différentes populations évoluent en un même espace urbain, on ne peut dire en revanche qu'elles interagissent ensemble. En effet, il faudrait davantage parler de coexistence des populations se superposant en un même lieu. Ainsi, très tôt, les modes de vie des européens et des autochtones sont restés très cloisonnés. Les Britanniques créèrent des clubs comme en métropole par exemple alors que les Français, fréquentent obstinément le café. [...]
[...] Les théories hygiénistes furent en effet prédominantes à partir de la fin des années 1880. Il ne s'agissait donc pas de donner le pouvoir aux autochtones, mais seulement de leur permettre d'améliorer leurs conditions de vie pour ne pas contaminer les Européens vivant dans le même espace urbain. En effet, lorsqu'en 1867, la conférence de Constantinople pointa du doigt la ville de Bombay comme centre de diffusion du choléra, les autorités coloniales se rendirent compte qu'il était important de collaborer avec les Indiens. [...]
[...] Même si le taux reste toujours supérieur à la métropole, malgré tout, la baisse est fulgurante au fil des années. A Batavia par exemple : 1819 : le taux de mortalité est de 218 pour 1911 : 29 pour 1000. En 1936 : 10 pour 1000. Le confort : L'air conditionné se développe un peu partout dans les colonies. En Asie tout d'abord, puis dans les îles : construction de l'usine à glace à Shanghai : ouverture du premier grand magasin d'alimentation à Singapour. [...]
[...] La société bourgeoise du milieu du XIXe jusqu'aux temps des indépendances se créa en outre des liens de sociabilité très importants. Plus sclérosés qu'à Londres ou à Paris, les bourgeois des colonies souffrent d'un manque de respectabilité et attachent dès lors une grande importance à obtenir les dernières modes de la métropole. Toujours en extrapolant, sans cesse dans la démesure presque dans le trop, les élites bourgeoises se rassemblent et se rencontrent dans des endroits clés de la ville coloniale. [...]
[...] - Le deuxième espace est une zone commerciale, réservée aux entrepôts à l'embouchure de la Singapore River. Ici, nous avons l'exemple typique de la ville coloniale qui se retrouve découpée en plusieurs quartiers. Ces quartiers se divisent eux-mêmes en plusieurs parties. Cette division s'effectue selon deux critères majeurs : le critère ethnique et le critique socio-économique. Ainsi, si le premier espace urbain concentre bien entendu la population européenne de Singapour, il faut aussi bien comprendre que ce quartier est lui-même ségrégé entre les quartiers européens aisés et les quartiers européens plus populaires. [...]
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