Mon village est une incarnation de la tradition monographique française. Préfacé par A. Siegfried, l'ouvrage fait souvent référence à son œuvre ainsi qu'à l'école le Playsienne. R. Thabault a dressé le portrait d'un bourg des Deux-Sèvres (Mazières-en-Gâtine), et cherché à en analyser les transformations économiques sociales et politiques sous l'angle privilégié du rôle de l'école et de la place qu'elle y a occupée.
On reprendra le fil chronologique adopté par l'auteur, qui permet de bien saisir l'ampleur et la diversité des changements qu'a connus la campagne française au cours du 19e siècle et du début du 20e.
[...] Au sortir de la messe, des paysans en blouse, en bonnets et en sabots écoutent, derrière quelques notables, le maire lire la proclamation de la République. Mais les idées générales leur sont incompréhensibles. Ils ne parlent que le patois. Trois ans plus tard, quand la République est renversée, ils s'en aperçoivent à peine. Janvier 1881 : Un pays dont le défrichement est presque achevé et qui est sillonné d'excellentes routes. Un chemin de fer en construction. Un commerce qui naît. Beaucoup d'hommes portent encore la blouse ; mais ils sont, pour la plupart, chaussés de souliers. [...]
[...] L'entente franco-russe est accueillie avec enthousiasme. D. L'école, enjeu de deux visions concurrentes de l'homme et du monde La généralisation de l'instruction opposait deux visions du monde. Pour les défenseurs de la tradition, l'homme est toujours marqué par le péché originel, et on ne peut le laisser livré à lui-même. L'école doit être encadrée par la famille et par le prêtre, afin que les paysans ne sacrifient pas leurs joies frustres et simples sur l'autel de la modernité. Les défenseurs de l'enseignement public ont une autre vision de l'homme. [...]
[...] Presque personne ne voyage ; en 1872, seules 5 personnes ne sont pas nées au bourg. Une fête à 8 km du bourg ne fait pas concurrence à la foire qui a lieu le même jour, il n'y a pratiquement pas de courrier De même, il n'y a pas d'émigration malgré le nombre d'indigents. Les frontières du monde des habitants du bourg et des environs ne va même pas jusqu'à la sous- préfecture de Parthenay (15 kilomètres). Enfin, les masses sont globalement indifférentes aux événements politiques nationaux ne provoque aucune réaction, et 1851 passe inaperçu. [...]
[...] Malgré tout, la foi républicaine se répand. Elle ne repose plus sur quelques bourgeois républicains mais sur les effets de l'enseignement. Malgré quelques conflits entre le maire et le curé, la religion perd du terrain. Elle est remplacée par une nouvelle foi qui repose sur trois éléments : la foi dans le progrès, le sentiment républicain et le sentiment patriotique. Cette nouvelle foi n'a pas de mal à s'implanter. Par rapport à 1830, le village est méconnaissable, rendant les paysans confiants en l'avenir et le Progrès. [...]
[...] On mesure l'ampleur du changement. C'est une conscience politique qui s'est créée pratiquement ex-nihilo. C. Un regard nouveau sur l'école Il faut attendre 1857 pour que le bâtiment soit construit. Ce sont surtout les enfants du bourg qui la fréquentent régulièrement, les pauvres aussi grâce à la charité publique. En 1871, les illettrés sont l'exception. Avec le service militaire obligatoire (1872), il faut savoir écrire et lire pour correspondre avec les enfants. Les parents commencent à se sentir coupables de ne pas envoyer leurs enfants à l'école. [...]
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