L'auteur entame son livre en nous expliquant sa démarche. Il souhaite nous faire revivre le massacre qui s'est déroulé le 16 août 1870 à Hautefaye, en Dordogne et qui a fait participé une foule de 300 à 800 personnes. Ainsi, il cherche, en fouillant dans le passé du Périgord, à comprendre les ingrédients et les mécanismes psychologiques qui ont provoqué le « dernier massacre né de la fureur paysanne ».
Dans un premier chapitre, Alain Corbin étudie les causes du comportement adopté par les paysans. Il s'agit tout d'abord de la construction d'une haine commune des nobles, des clercs et des républicains et le développement d'une dévotion à l'empereur.
La haine contre les nobles et les curés est issue d'un travail fait, sur l'imaginaire des paysans, par la bourgeoisie rurale. Elle a construit peu à peu le portrait d'un noble et d'un curé profondément légitimistes et qui complotent, avec les républicains, contre l'Empire. Or si certains nobles entretiennent ce mythe, surtout pendant la Restauration, tous n'y ressemblent pas et nombreux sont ceux qui se rallient finalement au Second Empire.
[...] Si ce n'est rien de tout ça, qu'est-ce que ce massacre si étrange ? Selon Alain Corbin, les paysans ont voulu prévenir symboliquement la catastrophe imminente, il faut déjouer le complot fomenté par ces ennemis de l'intérieur, l'ampleur du geste étant à la mesure du danger et étant aussi lié à l'impossible dialogue avec les autorités. Le meurtre est dans le prolongement des gestes de la Révolution puisqu'on supplicie un membre de la Petite Vendée Ce qui est intéressant, pour comprendre le rôle de l'événement dans la compréhension de l'histoire, c'est le fait qu'en 1792, le même massacre aurait été admis pas la population alors qu'en 1870, la sensibilité collective s'est transformée et le meurtre n'inspire plus qu'horreur et incompréhension. [...]
[...] D'autre part, la loi des quarante-cinq centimes a rompu l'attachement précoce des paysans pour la République, libératrice de toute contrainte Les frais occasionnés par l'exercice du pouvoir choquent et se développent l'image d'une République gaspilleuse. Louis-Napoléon Bonaparte ranime alors l'espoir, car, tout comme les démocrates-socialistes, il s'inspire des désirs des paysans et s'attache à leur apporter des avantages immédiats. Les plébiscites donnent régulièrement l'occasion aux paysans d'apporter leur soutien à l'Empereur, de même qu'ils cherchent à en repérer les ennemis, dans l'espoir d'obtenir une compensation en échange. Ils approfondissent ainsi leur identité politique. La nostalgie du Premier Empire se transforme rapidement en admiration, reconnaissance et confiance envers Napoléon III. [...]
[...] Le village des cannibales de Alain Corbin Résumé L'auteur entame son livre en nous expliquant sa démarche. Il souhaite nous faire revivre le massacre qui s'est déroulé le 16 août 1870 à Hautefaye, en Dordogne et qui a fait participé une foule de 300 à 800 personnes. Ainsi, il cherche, en fouillant dans le passé du Périgord, à comprendre les ingrédients et les mécanismes psychologiques qui ont provoqués le dernier massacre né de la fureur paysanne Dans un premier chapitre, Alain Corbin étudie les causes du comportement adopté par les paysans. [...]
[...] Se développe alors un véritable culte, l'action de l'Empereur étant divinisé et les fêtes en son honneur multipliées. L'auteur pose ensuite les conditions plus particulières dans lesquelles s'est déroulé le drame, il plante le paysage en quelque sorte. Alors que la guerre contre la Prusse avance, le sentiment national se développe. Mais la rétention des nouvelles désastreuses de la part des autorités, cumulée à une disette terrible et à l'atmosphère de mobilisation massive fait grimper l'angoisse collective des paysans et leur volonté d'agir pour secourir l'Empereur. [...]
[...] De plus, la rumeur a la fâcheuse tendance de laisser peu de traces derrière elle. Enfin, les historiens restent frileux à utiliser ces sources si peu fiables et dont on ignore généralement l'ampleur de la diffusion. C'est bien ce que regrette l'auteur et ce qu'il combat dans cet ouvrage puisqu'au contraire, il se concentre sur les symboliques qui ont permis ces diffusions. En effet, si la rumeur n'est pas toujours exacte (ce qui ne signifie pas qu'elle soit toujours fausse), elle simplifie souvent des situations bien réelles. [...]
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