L'auteur, Jean-Clément Martin, cherche ici à montrer la forte identité historique qu'a acquise la Vendée au cours des guerres contre-révolutionnaires.
Ainsi, il retrace l'histoire de la région, "l'évènement fondateur", afin de montrer comment s'est construite une "dialectique des mémoires" en Vendée, indispensable à la définition de l'identité vendéenne.
[...] Mémoire prédisposée Toutefois, les structures régionales consacrées en 1793 se dégagent dès le XVIe siècle, voire avant : s'opposent clairement le Bocage et le Mauges religieux à la plaine environnante. Au moment des guerres de religion, le protestantisme n'est vigoureux que dans la plaine. Les populations de 1793 reprennent donc les attitudes de leurs ancêtres. La question reste donc entière : 1793 a-t-il créé une région, ou seulement révélé une structure déjà ancienne ? Les causes des guerres de Vendée et les origines des chouanneries semblent converger : une accumulation des frustrations ressenties par les communautés rurales (particulièrement liées à la Constitution civile du clergé). [...]
[...] C'est bien en cela que l'événement paraît consacrer une structure existante. Mémoire octroyée Rapidement, les destins de la Vendée et des chouanneries divergent : la Vendée apparaît comme homogène au contraire des zones chouannes, formées de communes insurgées dispersées. Au contraire, dès 1793, la Vendée est une véritable région. Ce sont les péripéties de la guerre qui peuvent nous éclairer sur cette situation : d'avril à octobre 1793, les Vendéens jouissent d'un territoire quasiment à leur libre disposition (régi par un conseil supérieur, siégeant à Châtillon) : les ennemis se sont soit réfugiés en zone républicaine, soit fait arrêter ; et les armées régulières envoyées subissent des échecs du fait de leur grande impréparation. [...]
[...] La Vendée, région-mémoire Le piège majeur, source de nombreuses ambiguïtés, serait d'identifier la Vendée à la Contre-révolution. Cette dernière est en effet bien plus vaste, à la fois géographiquement et historiquement ; et les protestations populaires qui ont vu le jour en Vendée durant la révolution française ont été de nature diverse, que l'on ne saurait réduire au mouvement contre- révolutionnaire. La Vendée s'est pourtant bien définie pendant la Révolution française, contre elle. Elle a acquis une très forte identité au cours de la guerre de 1793 à 1796. [...]
[...] Les souvenirs sont largement dépendants de médiateurs, d'intermédiaires qui relaient cette mémoire collective. L'œuvre religieuse et cléricale a par exemple donné aux souvenirs une coloration sacrificielle. On voit bien toutefois que le souvenir n'est qu'incomplètement fédérateur : la mémoire collective n'empêche pas l'émergence de conflits divers, de tensions inhérentes à toute région. C'est donc plutôt qu'une mémoire active une mémoire inconsciente qui façonne la Vendée et les vendéens ; et une adaptation au présent basée sur un passé solide et ancré dans les mœurs qui a fait de la Vendée ce qu'elle est aujourd'hui. [...]
[...] Louis XVIII a commandé pour son château de Saint Cloud des tableaux illustrant des généraux vendéens et chouans. Malgré la monarchie de Juillet qui tente de briser définitivement ces commémorations en martelant les inscriptions et en brisant les monuments, le souvenir se prolonge et atteint sa plus grande expansion dans la seconde moitié du XIXe siècle, et notamment à partir de 1880 : le rappel des guerres de Vendée prend alors une importante valeur politique. Par suite, s'il se ralentit, le courant ne tarit pas. [...]
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