De l'utilité des empires, Bouda Etemad, colonisation, Europe morcelée, esclavage, capitalisme britannique, Dominions
Avec De l'utilité des empires, Bouda Etemad tente d'aborder la question coloniale d'une façon qu'il juge inédite, en tentant de comparer les écarts économiques entre les métropoles et leurs colonies, au moment de la colonisation, mais aussi avant celle-ci. Il espère ainsi dépasser l'opposition suivante :
1° La colonisation aurait empêché irrémédiablement le développement de sociétés entières réduites au statut de simples dépendances, par un drainage intensif de matières premières, rendant ainsi possible le décollage économique de l'Occident.
2° La colonisation n'aurait joué qu'un rôle périphérique dans la révolution industrielle de l'Europe, voire, l'aurait ralenti par son inadaptation et les lourdeurs de sa gestion.
[...] - Les marchés coloniaux ne remplissent le rôle que leur assigne la métropole que pour un temps. Il note, dans le cas de la métallurgie par exemple, que les marchés coloniaux n'étaient pas en mesure d'absorber l'augmentation de la production. Plutôt que de faire de la colonisation le facteur déterminant du développement industriel et financier de l'Europe, Bouda Etemad, considérant ces conclusions, le range parmi les divers facteurs qui l'ont favorisé, mais dont l'influence est difficilement estimable. Troisième partie : La troisième partie du livre est dévolue aux 19e et 20e siècles, et s'intéresse aux cinq principales métropoles, en tentant de dégager les singularités de gestion des domaines coloniaux. [...]
[...] La deuxième partie du livre est dédiée aux conséquences immédiates de la colonisation sur les sociétés évoquées précédemment, conséquences bien connues (décimation des sociétés amérindiennes, développement de la traite négrière). La troisième partie est organisée autour de plusieurs exemples de métropoles et des chemins singuliers empruntés par elles et leurs métropoles. Le chapitre dédié à la Grande-Bretagne est une excellente synthèse des rapports, notamment économiques, entre métropole et Empire aux 19e et 20e siècles. Un résumé du livre, signé Jean-François Klein, et organisé d'après la structure de l'ouvrage lui-même, est disponible sur CAIRN : Annales. Histoire, Sciences sociales, 68e année, 2008/3, Comptes rendus. Empires coloniaux éditions de l'E.H.E.S.S. [...]
[...] Comment expliquer ce chemin emprunté dans les siècles suivants par les différentes nations européennes ? Ces problématiques sont sous-jacentes dans tout le développement de cette partie initiale. Bouda Etemad dégage, à l'aide des études déjà effectuées et de ses propres intuitions, quelques éléments d'analyse pour chacune des aires qu'il scrute, tout en soumettant ces demi-conclusions à une prudence constante. - L'Afrique : deux zones principales arrêtent l'attention de l'auteur : l'Afrique subsaharienne (région des actuels Mali, golfe de Guinée, Bénin) et l'Afrique australe (Zimbabwe notamment). [...]
[...] L'Empire inca était pour sa part soumis à une guerre civile endémique, fragilisant l'autorité politique. Concernant l'Afrique, Bouda Etemad concentre sa réflexion sur le rôle de la traite négrière dans le développement entravé de l'Afrique. La difficile estimation chiffrée de la ponction opérée par les traites transatlantique et arabo-musulmane (hypothèse basse : 37 millions/hypothèse haute : 111) est renforcée par l'impossible estimation de la démographie de l'Afrique subsaharienne entre le 16e et le 19e (stagnant à 50 millions ou grimpant jusqu'à 85 millions L'auteur contourne le problème en s'arrêtant à la qualité des individus privilégiés par les esclavagistes : hommes et femmes jeunes, dans la force de l'âge, aptes aux travaux de plantation. [...]
[...] La colonisation n'aurait joué qu'un rôle périphérique dans la révolution industrielle de l'Europe, voire, l'aurait ralenti par son inadaptation et les lourdeurs de sa gestion. Selon l'auteur, l'ensemble de ses analyses, développées tout au long du 20e siècle, notamment au moment des indépendances, pèche par leur rigidité. Il rappelle ainsi l'immensité des espaces accaparés, la diversité non moins grande des sociétés conquises, mais également des sociétés colonisatrices entre elles (diversité économique, culturelle, etc.). Sans rejeter en bloc l'historiographie qui le précède, Bouda Etemad tire parti de ces remarques pour exposer deux postulats préalables qui soutiennent sa réflexion : La longue durée des processus coloniaux (près de 5 siècles) rend difficile un jugement unique et définitif de l'action européenne. [...]
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