La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie 1954-1962, Raphaëlle Branche, torture coloniale, racisme colonial, guerre d'Indochine, FSNA Français de Souche Nord-Africaine, FLN, Algérie française, terrorisme
Historienne spécialiste de l'étude des violences en contexte colonial, et plus particulièrement lors de la guerre d'Algérie, Raphaëlle Branche est normalienne et professeur d'histoire contemporaine à l'université de Rouen depuis 2014. Ayant enseigné auparavant à l'Université de Rennes II puis à l'Université de Paris-1-Panthéon-Sorbonne, elle fait aussi partie du Conseil supérieur des Archives. L'ouvrage présenté ci-dessous est issu d'une réédition de sa thèse de doctorat soutenue le 5 décembre 2000 à la Sorbonne. Elle vient y éclairer d'une lumière nouvelle et saisissante le phénomène de la torture en Algérie, puisant ses origines dans un racisme colonial prégnant, ainsi que dans l'héritage de la guerre d'Indochine.
[...] La violence inhérente à la société coloniale Selon Raphaëlle Branche, la société coloniale est traversée depuis ses débuts par une violence qui lui est inhérente. Elle se base sur une relation de domination subie, mais aussi collaboré entre un colonisateur minoritaire et des colonisés majoritaires. Impliquant tous les domaines de la vie d'une société dans des rapports complexes, c'est ce qu'elle nomme une « relation structurelle ». La situation coloniale est donc une perpétuation de la conquête, légalisée et organisée sous la forme d'une conquête du langage, de la culture et des mœurs, des ressources, des consciences et du symbole. [...]
[...] Beaucoup de « suspects » meurent durant les interrogatoires ou les transferts et on dit alors qu'ils se sont « évadés » ou « suicidés » (comme pour Maurice Audin). Enfin, le 24 janvier 1960, des barricades sont dressées à Alger par les partisans de l'Algérie française et en avril 1961, les généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller déclarant l'état de siège, s'emparent du gouvernement général et appellent l'armée et la population à les rejoindre. Ils échouent cependant face à De Gaulle. Conclusion Au travers de cet ouvrage, Raphaëlle Branche met en lumière l'existence d'une véritable « religion du renseignement » dans ce qu'elle définit comme une « guerre totale ». [...]
[...] Tuer des civils étant un crime, il faut transformer ces derniers en « rebelles ». L'État choisit de légitimer « à priori » les exactions, restant cohérent avec sa politique au prix d'une perversion de la légalité, la torture qu'il instaure visant à la fois à arracher des renseignements, mais aussi à terroriser tout un peuple. Elle se définit par trois points que sont « la souffrance infligée, l'intention de celui qui l'inflige, et enfin la volonté d'ôter à l'autre sa capacité de penser, qui est au cœur de cette intention » (page 15). [...]
[...] La torture est aussi l'occasion d'une confrontation virile entre les soldats pour souder le corps face à une dure épreuve en « aidant les copains ». L'État utilise les trois ingrédients que sont l'analogie, le sophisme et l'anticipation. « Si vous avez arrêté un terroriste qui sait où se cache une bombe qui va exploser et tuer des dizaines de gens, il faut le faire parler à tout prix. Sauver la vie de plusieurs innocents justifie la souffrance d'un coupable » (p. 221). On utilise un faux syllogisme reposant sur le fait que tout Algérien connaît un membre du FLN. [...]
[...] Exterminer. Sur la guerre et l'État colonial, Paris, Hachette Sur la torture LEFEUVRE Daniel, Raphaëlle Branche, La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie, 1954-1962, Outre-mers, tome 89, n° 334- L'électrification outre-mer de la fin du XIXe siècle aux premières décolonisations, p. 677-679. THENAULT Sylvie et BRANCHE Raphaëlle. Le secret sur la torture pendant la guerre d'Algérie, Matériaux pour l'histoire de notre temps, n° Le secret en histoire, sous la direction de Robert Frank, p. 57-63. [...]
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