Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1867-1960, Myron Echenberg, Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale, conscription universelle, Dakar, double appartenance
L'histoire des Tirailleurs sénégalais est celle de soldats africains originaires d'Afrique de l'Ouest qui, du simple soldat à l'officier, se trouvèrent réunis sous les drapeaux de l'armée française. Ils se trouvèrent dans une position inconfortable, ambiguë au sein de la société coloniale. Ils représentaient une forme de l'assimilation française, représentatifs du rôle de l'assimilé vu comme un intermédiaire entre sa population d'origine et les Français et coincés entre l'idéologie du colonisé et du colonisateur. Plus qu'une simple caricature du rôle de l'assimilé, on peut dire qu'ils ont représenté un miroir du colonialisme.
Comment arrivèrent-ils à concilier cette double appartenance ? C'est la question principale auquel l'auteur tentera de répondre, et ce malgré le peu de sources dont il dispose. Créés en 1857 par le gouverneur du Sénégal Louis Faidherbe, les tirailleurs nourrirent l'imaginaire, autant de leurs sympathisants qui conservaient le souvenir du sacrifice de ce régiment lors des deux guerres mondiales, que de leurs adversaires, qui en voyaient une menace de contamination pour le sang « franc » (extrême droite allemande ou IIIe Reich Allemand). Pour les populations locales, ils représentaient ce qu'il y avait de pire dans la présence militaire française. Senghor par exemple les qualifiait de « chiens de garde de l'empire ».
[...] Leurs comportements sur le front occidental fut l'objet de vifs débats, entre légende et réalité. Leurs exploits personnels ou collectifs ont été vantés, comme en Belgique avec le 20e sénégalais. Mais, et surtout dans le camp adverse, les Sénégalais étaient vus comme des sauvages capables des pires cruautés ou des déserteurs qui s'enfuient au moindre problème. Comment peut- on réussir à concilier des images aussi contradictoires ? Moins bien préparés que les soldats français et alliés, ils n'étaient pas prêts ni préparés psychologiquement et idéologiquement à endurer tant de souffrances (froid mordant, gaz asphyxiant, pilonnage allemand) aux combats. [...]
[...] D'autres écoles militaires furent créées dans les années 20, telles que les écoles des enfants de Troupes qui formaient les officiers subalternes qui serviraient au sein des tirailleurs sénégalais. Elle accueillait entre 70 et 120 élèves par an et les exigences étaient si peu élevées que les élèves pouvaient fréquenter l'école jusqu'à 18 ans sans obtenir de certificat d'études primaires. Elle était l'une des seules voies pour arriver au grade d'officier, mais peu y arrivèrent. Le peu qui y arriva subissait souvent des discriminations au sein du contingent. [...]
[...] Outre la formation fondamentale (français, anglais, histoire-géographie, mathématiques . ces écoles assuraient une instruction militaire avec des matières telles que la discipline, les tâches de garnison, les manœuvres d'infanterie, les exercices de marche et autres sports. Cette formation améliora surtout la scolarité des sous-officiers, mais pas celle des officiers africains. En effet, l'africanisation du corps des officiers était loin d'être faite et les niveaux d'éducation des militaires restèrent faibles. C'est pourquoi les instances françaises cherchèrent le moyen de recruter de jeunes Africains éduqués. [...]
[...] Militaire de formation, et pensant que l'Afrique était un vivier inépuisable d'hommes, il plaidait pour une augmentation accrue du nombre de soldats africains, soldats nés pour la guerre et la constitution d'une véritable force noire avec la levée de soldats par an. Mais cet objectif était impossible à obtenir et la colonie peinait à fournir 5000 soldats par an. C'est pourquoi, en 1912 le gouvernement français mis au point un dispositif de conscription partielle, premier pas vers la conscription universelle en AOF. Lors de la Première Guerre mondiale, l'AOF fournit soldats à la France. [...]
[...] Ainsi, les exigences de recrutement furent rehaussées avec l'incorporation systématique de personnels mieux formés, diplômés et les personnages influents purent moins facilement se faire exempter que par le passé. La composition ethnique et sociale des Tirailleurs sénégalais connut un rééquilibrage après la Seconde Guerre mondiale. Certaines familles en vinrent même à considérer l'armée comme un métier familial avec la formation d'enfants de militaires par l'école des enfants de troupes. Pour les populations pauvres, l'armée eut dans les années 50 un certain pouvoir de séduction, et ce en raison du mouvement d'urbanisation important et du chômage qui l'accompagnait. [...]
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