La Révolution française a prouvé à l'Europe que l'accès de la nation à la souveraineté est possible. De là, on assiste à une certaine nationalisation des monarques. En effet on a une prise de conscience au XIXème siècle des monarques et/ou des gouvernements, qu'il fallait rapprocher la nation de l'Etat, ainsi se mettait en place le principe de Cujus regio, ejus lingua, et la promotion de l'harmonisation du peuple par un travail d'éducation des masses pour inculquer le sentiment d'appartenance commune. Mais l'invention des nations coïncide avant tout avec une intense création des genres littéraires ou artistiques, à l'exemple de "L'épopée d'Ossian" en Grande Bretagne qui marque d'autres traditions fondatrices des cultures européennes au XVIIIème siècle (...)
[...] Mais aussi des travaux linguistiques comme dans les pays slaves qui permettent un éveil national ; et même partir du principe que la nation existe donc il faut lui trouver une langue C'est ainsi que l'on a l'invention de l'Albanais, du Serbo-croate (par Karadzic) ou encore du Grec. L'invention de l'Esperanto en 1887 se fait quant à elle pour aller au- delà des nationalismes. L'histoire nationale elle-même peut être inventée, comme le fait Vaclav Hanka en 1818 en inventant des manuscrits, les Zelena Hora afin de prouver la grandeur de l'histoire tchèque. [...]
[...] L'exemple du mouvement des Sokol tchèques a un rôle important dans le développement de la conscience nationale et pèsent même sur la création de la Tchécoslovaquie. Ainsi dans l'Entre deux guerres les clubs se multiplient. La création du Tour de France en 1903 n'est elle non plus pas anodine et permet la médiatisation du territoire de la nation française. Le sentiment national n'est spontané que lorsqu'il a été parfaitement intériorisé et donc enseigné, l'entité supranationale de l'Union européenne n'est donc pas un espace identitaire, et donc elle n'est pas un Etat puisque la nation au XXème siècle est le seul fondement légitime de l'Etat, comme le rappellent les noms des grandes institutions internationales : la Société des nations ou l'Organisation des nations unies. [...]
[...] Le reste n'est plus qu'affaire de densification et de vulgarisation : la construction identitaire entre désormais dans l'ère de la culture de masse. La vaine outrance des paradoxes anarchisants ne résisterait pas une minute, un jour de crise, à la force de la pensée ouvrière complète, qui concilie l'Internationale et la nation. (Jean Jaurès, L'armée nouvelle Si le triomphe de la nation est celui de la démocratie, car en général après la création de l'Etat-nation suit le suffrage universel masculin et une constitution, le prolétariat fait apparaître une fracture sociale allant à l'encontre de l'union interclasse national. [...]
[...] Dans la pratique, on peut relever tout de même que l'identité de classe et l'identité nationale coexistent. La nationalisation de l'Etat par l'apprentissage des masses passe par l'école qui inculque la langue, l'histoire et la géographie nationale. Ainsi les manuels scolaires et les livres destinés aux plus jeunes transmettent déjà l'idée nationale. Les exemples du merveilleux voyage de Nils Holgerson à travers la Suède à travers lequel l'enfant se civilise par un voyage national sur les ailes d'une oie sauvage (symbole national que l'on retrouve d'ailleurs sur les euros finlandais), ou encore du Tour de France par deux enfants. [...]
[...] Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales. Europe XVIIe-XXe siècle, Histoire, économie et société vol pp. 155-156. La formation des identités nationales un processus historique de création La Révolution française a prouvé à l'Europe que l'accès de la nation à la souveraineté est possible. De là, on assiste à une certaine nationalisation des monarques. En effet on a une prise de conscience au XIXème siècle des monarques et/ou des gouvernements, qu'il fallait rapprocher la nation de l'Etat, ainsi se mettait en place le principe de Cujus regio, ejus lingua, et la promotion de l'harmonisation du peuple par un travail d'éducation des masses pour inculquer le sentiment d'appartenance commune. [...]
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