Dans Thermidor: la chute de Robespierre, l'auteur souligne sa volonté d'adopter un point de vue critique vis-à-vis du 9 Thermidor. Il s'agit de se détacher de la dimension « mythique » attachée à la journée et à la personne même de Robespierre, et de discuter les récits liés à l'évènement et signés par des contemporains peu soucieux de la véracité des faits (puisque bien souvent ces derniers avaient tout intérêt à les modifier ou les « arranger »); d'autre part cette analyse de Thermidor veut remettre en question certaines affirmations d'historiens également spécialistes de la Révolution. Brunel exprime donc sa volonté d'en finir avec les idées préconçues sur l'évènement et d'analyser comment s'effectue l'élaboration de « la mémoire des siècle ».
[...] Paris est de cette manière traversée par des mouvements contradictoires, ambiguïtés qui expliquent en partie l'absence de soulèvement suite au 9 thermidor. Le 11 thermidor, la section des Lombards qui demande une révision du tarif s'exclame Et voilà le maximum dans le panier ! ; alors qu'à la veille du 9 certaines sections avaient pris l'initiative de donner des fêtes sectionnaires en l'honneur de l'Etre suprême ou des victoires comme celle de Fleurus (le Comité de Salut Public s'y opposait d'ailleurs, considérant ces manifestations comme partielles donc contre-révolutionnaires). [...]
[...] L'Incorruptible a toutefois des opposants connus les anticléricaux du Comité de Sûreté Général (Amar, Vadier), Carnot qui préconise la guerre de conquête ou encore Billaud qui bien qu'il fut longtemps partisan de Robespierre, conteste la loi de prairial. Robespierre attise le feu en cessant de participer aux séances et favorise les prises de positions manifestement hostiles à sa politique, des voix l'accusent d'être un dictateur. Il justifie son absence le 8 thermidor en déclarant que depuis plus de six semaines, la nature et la force de la calomnie, l'impuissance de faire le bien et d'arrêter le mal, m'ont forcé à abandonner absolument mes fonctions de membre du Comité de Salut Public Vérités utiles contre tableaux flatteurs Ainsi le 8 thermidor, Robespierre entame son discours par que d'autres vous tracent des tableaux flatteurs ; je viens vous dire des vérités utiles il fustige ainsi un rapport de Barère qui mettait en avant les victoires aux frontières. [...]
[...] Chapitre 1 : la révolution perdit la vigueur de la jeunesse 1793-1794 sont deux années d'une Convention perturbée par la lutte des factions, d'où cette citation tirée des Mémoires du conventionnel Levasseur, ces fractures semblent mener à la mise à l'ordre du jour de la Terreur en octobre 1793 et qui trouvera son aboutissement dans le drame de germinal Or, on cherche des responsables et les accusations privilégient l'amalgame, courant lors de la Révolution, entre les Hébertistes les Dantonistes et les Robespierristes La Montagne, parti politique hétérogène Le 9 thermidor accumule un certain nombre de paradoxes, en particulier le fait que le renversement de Robespierre a été accompli par ses propres alliés des députés issus de la Montagne. C'est pourquoi il faut se pencher pour commencer sur la gauche de la première assemblée élue au suffrage universel. Alors que la Gironde apparaît minoritaire avec entre 18% et 22% des députés, la Montagne concentre 35% des députés mais n'en est pas moins complexe. [...]
[...] l'invention de Robespierre-débauché, à la peinture du despote, il manque son immoralité. Faire de l'Incorruptible un vil dépravé relève du tour de force mais donner à Robespierre la figure d'un aristocrate aux mœurs libertines semble efficace. Les bruits sur sa débauche insoupçonnée s'avèrent parlants aux imaginations et permettent d'alimenter la dernière rumeur : la légende de Robespierre-Terreur reste celle la mieux implantée dans les esprits, le dictateur est un fou assoiffé de sang en témoigne la loi du 22 prairial et sa manie quasi-obsessionnelle des complots et trahisons. [...]
[...] Honorer le malheur Citoyens, nous avons promis d'honorer le malheur, il sera bien plus beau de le faire disparaître est ce que proclamait Billaud-Varenne le 1er floréal, le gouvernement montagnard tient bel et bien un discours orienté autour de la question sociale C'est le 28 juin 93 que la première loi d'assistance voit le jour, elle promet des aides aux vieillards, handicapés, veuves et orphelins . Néanmoins la loi Barère a un objectif double, d'une part elle est une mesure sociale, d'autre part elle est une manœuvre politique. Les montagnards répondent aux réclamations des sans-culottes, mais ils cherchent aussi à s'attacher les milieux populaires, autrement dits faire tourner la révolution au profit de ceux qui la soutiennent Cependant, une telle loi est authentiquement révolutionnaire puisqu'elle ambitionne de mettre en application le principe de respect de la dignité humaine, d'intégration sociale. [...]
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