Françoise Mayer est enseignante à l'Université de Montpellier. Elle est spécialisée dans l'Histoire de l'Europe centrale et des pays slaves. Son livre tourne autour d'une problématique centrale : quels sont les mécanismes permettant de construire une mémoire collective du communisme dans la société tchèque des années 1989-1990 ? Son ouvrage est parsemé de nombreuses interrogations qui guident son analyse.
Les Tchèques présentent une particularité par rapport aux autres pays de l'ex-bloc soviétique, dans la mesure où ils ont été plus loin que d'autres dans le rejet du communisme, tant sur le plan du rapport à l'histoire que sur le plan juridique (réhabilitation des victimes, réparations des préjudices moraux et matériels, épuration de l'administration, poursuites, condamnation des crimes communistes, ouverture des archives de l'ancienne police secrète). La question de la gestion du passé est encore omniprésente dans la société tchèque. Cela est-il lié à une expérience particulière du communisme ? Faut-il chercher du côté de la culture et de l'identité tchèque pour y répondre ? Ou bien le rejet du communisme peut-il être considéré comme un ciment qui permet d'unir le peuple tchèque ?
[...] C'est surtout la publication des noms de ces derniers que Mayer critique. La loi de lustration (votée en 1991) a écarté les membres du parti communiste des postes les plus importants, mais cette interdiction a été très controversée car elle a été jugée trop douce Pour finir, l'auteur s'interroge sur la place de l'histoire et des historiens dans l'élaboration des représentations du passé communiste après 1989. Les historiens ont de fait participé à la création de la mémoire officielle. Il faut néanmoins se méfier des historiens d'avant1989, qui ont souvent dû se plier aux exigences du régime. [...]
[...] Cela est-il lié à une expérience particulière du communisme ? Faut-il chercher du côté de la culture et de l'identité tchèque pour y répondre ? Ou bien le rejet du communisme peut-il être considéré comme un ciment qui permet d'unir le peuple tchèque ? L'auteur émet des hypothèses tout au long de son ouvrage, en analysant le point de vue de différents groupes tchèques. Elle étudie les conflits d'interprétation qui existent entre tous ces groupes, et essaie de comprendre pourquoi les Tchèques ont du mal à dire nous et pourquoi il est donc si difficile de créer une identité tchèque. [...]
[...] On peut dire que dans la culture tchèque, le souci de respecter le légalisme prévaut sur la volonté de condamner le communisme C'est en partie pour cela qu'il n'y a pas eu d'interdiction du KSČ (parti communiste tchécoslovaque) La décommunisation ne serait-elle pas une manière supplémentaire pour les Tchèques de dire nous plus qu'un moyen de régler des comptes avec le passé ? Le peuple tchèque a de fait du mal à dire nous car il n'arrive pas à s'entendre sur ce qu'il s'est passé, et est désuni face à son histoire. Le gouvernement d'après 1989 cherche à se construire en opposition par rapport à l'ancien régime. Tous (politiques, partis ) tentent de diffuser une image du passé qui les mette en avant. En 1989, aucune force politique n'a réussi à imposer une mémoire officielle du communisme. [...]
[...] "Les Tchèques et leur communisme" de Françoise Mayer MAYER F., Les Tchèques et leur communisme, Edition EHESS Françoise Mayer est enseignante à l'Université de Montpellier. Elle est spécialisée dans l'Histoire de l'Europe centrale et des pays slaves. Elle a vécu en Tchécoslovaquie avant et après 1989. Elle fait également de la recherche à l'EHESS, et s'intéresse plus particulièrement à l'évolution des représentations collectives dans les sociétés marquées par de fortes mutations politiques au cours du XXe siècle. Son ouvrage ne revêt pas uniquement un aspect historique, il présente aussi une analyse sociologique du peuple tchèque. [...]
[...] Cette identité est néanmoins affaiblie par la pluralité des expériences et des avis concernant le communisme au sein de toutes les couches sociales tchèques. Echecs de la démonstration de l'auteur et limites de l'ouvrage Dans cet ouvrage, l'auteur ne prend que peu en compte la mémoire individuelle du peuple, ni comment ce dernier a vraiment vécu cette période de transition. Les représentations publiques peuvent vouloir passer certains aspects sous silence. Elles sont donc très subjectives car elles ont été travaillées, elles ne reflètent pas la masse des Tchèques, mais uniquement les représentations d'une certaine élite. [...]
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