Le syndrome de Vichy est construit autour de l'idée de la survivance active et historiquement repérable du passé. L'hypothèse initiale est que la guerre civile, en particulier l'avènement, l'influence et les actes du régime de Vichy ont joué un rôle essentiel dans la difficile réconciliation des français avec leur histoire, plus que l'occupation étrangère, plus que la guerre et plus que la défaite qui, sans avoir disparu des consciences, sont souvent observées et perçues à travers le prisme de Vichy. Le syndrome de Vichy est « l'ensemble hétérogène de symptômes, des manifestations, en particulier dans la vie politique, sociale et culturelle, qui révèlent l'existence du traumatisme engendré par l'Occupation, particulièrement celui lié aux divisions internes, traumatisme qui s'est maintenu, parfois developpé, après la fin des évenements."
[...] Ce phénomène permet de comprendre la récurrence du syndrome de Vichy et ses phases d'accalmie et de crise. Avec le temps, Pétain est devenu une abstraction suscitant des réactions qui n'ont plus grand chose à voir avec les luttes intestines de 1940 mais qui reflètent celles du présent. C'est Pétain qui divise réellement les français, et non Vichy, son souvenir est la quintessence du syndrome. Les différences de percéption sont grandes entre les différentes générations. La génération du baby-boom refuse le mythe du résistancialisme, seul de Gaulle provoque encore une adhésion massive. [...]
[...] Trois données constamment rencontrées, qui s'inscrivent dans une longue tradition politique et culturelle peuvent être isolées. La survivance d'un culture catholique qui a fortement contribué à la formation et à l'entretien de la mémoire pétainiste; la conservation dans le milieu politique des clivages ancestraux même si le paysage politique français s'est redessiné en fonction des engagements pris sous l'Occupation et l'antisémitisme: le réveil d'une mémoire juive à la fin des années 1960 a été un facteur très net de réactivation du passé. [...]
[...] C'est la preuve de la persistance du syndrome de Vichy. Le cinema a permis d'évoquer le refoulé et l'indicible, les cas les plus exemplaires sont Shoah et Holocaust. La production cinématographique a connu un essor spectaculaire pendant l'Occupation, mais dans les quarante ans qui ont suivi, la France a produit moins de films sur la guerre qu'elle n'avait produit de films pendant la guerre. De la Libération à films ont été produit sur le thème de la guerre, notamment à la gloire des résistants. [...]
[...] Dans les années soixanre, l'historiographie est dominée par le Comité d'histoire de la Deuxième guerre mondiale. En 1970, l'horizon historiographique connaît un important bouleversement avec les travaux de Stanley Hoffman et Robert Paxton qui apportent une vision de l'histoire dérangeante, surtout au niveau politique. Paxton fait en effet la démonstration des thèses esquissées dans le Chagrin et la Pitié. Dès lors, beaucoup d'études françaises ont pour sujet la Résistance. La grande histoire des français sous l'Occupation de Henri Amouroux a rythmé la période la plus obsessionnelle du syndrome et a proposé un antidote à celui-ci. [...]
[...] La cinquième: "L'obsession II. Le milieu politique. (Après 1974)."Dans les années 1970-1980, l'obsession touche toutes les familles idéologiques, et pour beaucoup de façon structurelle: pour beaucoup, la droite est par essence dans le camp de Vichy et la gauche récupère quant à elle l'héritage de la Résistance laissé par la droite de l'après-gaullisme. Après l'élection de Mitterand, la droite va d'ailleurs tenter d'attaquer la gauche sur l'authenticité de son engagement dans la Résistance tandis que la tradition de la Résistance connaît un regain affiché avec Mitterand. [...]
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