Comme le nom du livre l'indique, Henri Mendras soutient ici que les changements sociaux qui ont eu lieu en France entre 1965 et 1984 sont assez profonds pour constituer une « Seconde Révolution française », dont les conséquences sont comparables à celles de la Révolution de 1789 et qui « ont balayé les fondements de la France [de 1789] pour laisser place à une société neuve ». Mendras justifie le choix de ces bornes chronologiques dans son introduction.
1965 marque « une date charnière entre ces deux périodes de l'après-guerre », à la fois comme point de renversement des tendances démographiques et économiques avec des indices aussi divers que la diminution du taux de natalité, du temps de travail, d'une augmentation du nombre de divorces, de l'espérance de vie et de l'emploi féminin… Une série d'événements viennent aussi marquer l'année 1965 : l'élection du président de la république au suffrage universel, le développement des grandes surfaces, la fin du concile Vatican II, l'apparition du nu au cinéma, le premier livre de poche, la diffusion dans toute la société de valeurs hédonistes : d'aspect politique, religieux, économique ou encore culturel, ces différents faits marquent des bouleversements dans tous les domaines qui seront abordés au cours de l'étude de H. Mendras. Quant à 1984, à cette date est entérinée « la légitimation ultime des institutions de la Ve République » avec l'alternance, l'adoption définitive de politiques économiques classiques, la désacralisation définitive du marxisme et de l'URSS, la victoire de l'Eglise catholique sur l'école laïque avec le recul du pouvoir socialiste sur la question de l'école privée.
[...] Hirschorn) : le rôle de l'Ecole est désormais de permettre la réussite sociale et professionnelle de l'individu. Les Français adoptent aussi cette attitude vis-à-vis de la religion : on assiste à une personnalisation à outrance de la vie religieuse par le refus de toute autorité. Néanmoins, cette attitude ne serait pas si individualiste qu'elle n'y paraît, car elle impose un recours à une communauté et à une tradition. Pour conclure, la Seconde Révolution française a créé une société de contrastes subtils un fondu de tonalités plutôt qu'un contraste de couleurs violentes La mise en place de réseaux complexes a remis en cause les anciennes frontières géographiques et sociales, sans pour autant les abolir complètement. [...]
[...] Depuis le début des années 1970, le syndicalisme a ainsi perdu plus de la moitié de ses effectifs suite aux conséquences de la crise économique et à la restructuration de l'économie qui a suivi. Le syndicalisme a en effet eu du mal à renouveler sa vision de la société fondée sur la lutte des classes et n'apparaît plus comme un instrument de défense des intérêts des ouvriers et des révolutionnaires : les grèves sont désormais le plus souvent spontanées. Néanmoins, Mendras considère que une véritable démocratie socioprofessionnelle s'est instaurée au cours des dix dernières années et que la diffusion des négociations collectives permet de renforcer le rôle sociétal des syndicats, seuls capables de fournir des négociateurs. [...]
[...] Désormais, la situation a radicalement changé. Tout d'abord, en disparaissant, cette violence a fait disparaître les classes sociales en tant que telles. En outre, ces quatre classes sociales ont connu des grandes transformations et ne sont plus pertinentes pour comprendre la société. Ainsi, les agriculteurs ne représentent plus que de la population active et connaissent une transformation radicale de leurs conditions de vie et de leur niveau d'instruction. La classe ouvrière considérée comme le prolétariat de Marx n'aura duré que deux générations : on assiste depuis 1973 à un double mouvement : diminution du nombre d'ouvriers et augmentation rapide de leurs conditions d'existence. [...]
[...] C'est désormais la classe moyenne ou plutôt la constellation centrale qui joue le rôle-moteur dans notre société. La classe moyenne est devenue une véritable classe (Simmel) tout en continuant les échanges avec les autres classes : elle instille aux autres classes ses caractéristiques propres. En effet, ce qu'il y a vraiment d'original dans notre société actuelle, c'est que les frontières entre les classes sociales sont plus poreuses que jamais, que la mobilité sociale est devenue la norme pour la première fois, ce qui pourrait amener la dissolution de la classe moyenne en tant que telle. [...]
[...] Il n'en demeure pas moins que ce livre est très intéressant en ce qu'il arrive à dégager les grandes tendances de notre société actuelle, à remettre en cause certaines idées préconçues (comme par exemple la causalité supposée entre travail de la femme et baisse de la natalité) et à faire des prédictions qui se sont révélées plutôt justes. Dans cette étude, H.Mendras nous montre aussi que bien que la plupart des tendances de la seconde Révolution française sont des changements radicaux pour notre société, il n'en demeure pas moins, que certains traits caractéristiques étaient déjà présents au XIXe siècle, voire même avant. Ainsi, les sociétés étaient tout aussi diverses auparavant et la Seconde Révolution française a seulement permis de revenir à cette diversité après une phase d'homogénéisation. [...]
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