L'oeuvre de la IIIème République n'aura pas été que politique. Incontestablement, elle aura aussi laissé une oeuvre artistique, littéraire et culturelle majeure. Les "salons" mondains de la IIIème République auront participé à tous ces aspects des apports de la IIIème République. Souvent confidentiels et élitistes, les "arcanes" du pouvoir s'y seront souvent retrouvés pour "faire" la France, et "refaire" le monde.
[...] Cependant, l'instauration de la IIIème République et les conflits qui en découlent leur confèrent une dimension encore prééminente. Avant tout, les salons politiques offrent une caractéristique intéressante en ce qu'ils peuvent être d'un éclectisme pouvant donner lieu à des rencontres et des situations plus qu'étonnantes. Loin de n'y avoir des salons Républicains ou des Salons Monarchistes par exemple, nombre d'entre eux accueillent des personnalités d'obédience parfois extrêmement opposée. Ainsi, durant l'hiver 1872 par exemple, Juliette Adam accueille dans le même temps dans son salon du vendredi le Général Galliffet, connu pour sa répression sans pitié envers les communards, ainsi que Camille Barrère, futur ambassadeur à Rome mais surtout éminent leader de l'insurrection parisienne de 1870. [...]
[...] Car indubitablement, dans la première moitié de la première décennie de la nouvelle République, le mouvement Républicain inquiète la population. Perçus comme des révolutionnaires agités le pays aspirant davantage à un retour au calme leur écho reste limité, victime d'une réputation artificielle, surtout auprès de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie. Or, comme l'affirme Edmond Adam à Gambetta : Ne riez pas ( ) et soyez certains qu'à Paris, on ne va pas loin quand on ne fait pas partie des gens qu'on peut voir C'est fort de ce conseil que les Républicains investiront avec ne plus en plus d'assiduité les salons, asseyant par conséquent leur audience et leur part de suffrages dans lors des élections successives. [...]
[...] On peut citer ici l'exemple du salon du duc et de la duchesse de Mecklembourg. On y croise tantôt Sully et Charles Gounod, tantôt Camille Saint Saens et Darius Millaud La princesse Winnie de Polignac tenait aussi un salon musical fréquenté par Erik Satie, Francis Poulenc et le très célèbre Igor Stravinsky qui, en 1913, avec le Sacre du Printemps fit scandale à Paris et par la même occasion révolutionna le monde de la musique en entrant définitivement dans la période contemporaine. [...]
[...] Les salons revêtent donc des aspects politiques et artistiques majeurs. Cependant, comme nous avons déjà pu le remarquer, ces préoccupations très nobles semblent bien souvent dépassées par d'autre plus superficielles Effectivement, l'aspect mondain des salons ne peut en aucun cas être occulté, et il s'avère que c'est la concurrence permanente entre les salons qui oriente les débats et discussions. De surcroît, les salons aiment régulièrement se placer en tant qu'initiateurs de la mode parisienne, ceci s'ajoutant au fait qu'ils semblent être le théâtre de ce qui ferait aujourd'hui les choux gras des magazines dit people Les salons sont tout d'abord un élément fondateur indéniable du prestige auprès du Tout Paris Pour les hommes et femmes du monde, avoir son salon, son jour de rencontre, plus qu'un luxe, est une nécessité. [...]
[...] Y verront le jour les différends entre surréalistes et Dadaïstes, qui diviseront une partie des élites nationales Des salons aussi naîtront les concepts de surprises-parties et de sorties en boîtes de nuit qui seront quant à eux diffusées des décennies plus tard Les salons peuvent donc incontestablement être caractérisés comme des précurseurs avant-gardistes de la mode et des mœurs. Le cliché littéraire nous donne à penser que les salons étaient des lieux mondains et uniquement mondains où l'art et la politique n'étaient que de simples prétextes utilisés par les habitués des salons pour se réunir et ainsi se montrer et garnir son carnet d'adresses de façon à accroître sa popularité et son influence. Emile Zola, en 1880, écrit : Je sais bien que les femmes ambitieuses se piquent encore de recevoir des écrivains. [...]
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