Robert Schuman, Raymond Poidevin, problème de la Sarre, unification allemande, occupation de la Ruhr, relation des métropoles avec leurs colonies
Il s'agit d'une biographie historique, sur un des personnages clé de la formation de la Communauté européenne. Ce livre est publié à l'occasion du centenaire de la naissance de R. Schuman comme l'auteur l'indique dans sa conclusion.
L'objectif affirmé de cet ouvrage est donc de présenter l'action de R. Schuman, un homme politique qui a marqué la construction européenne, ce qui nous intéresse directement, mais aussi un homme politique avec une carrure internationale, qui a dépassé le cadre de l'Europe. R. Poidevin tente donc de souligner sa transformation progressive en « homme d'Etat ». En tant que spécialiste des relations franco-allemandes, l'auteur laisse cependant une très large part à la question de l'Allemagne pour la politique française et analyse la construction européenne des années 1945-1960 à travers le prisme franco-allemand en priorité.
[...] Schuman s'oppose cependant à la mouvance autonomiste qui se développe dans les années 1925 à 1930 en Alsace et Moselle. Il souhaite rester dans une logique nationale et réaffirme son attachement à la France et à l'unité nationale (Manifeste électoral de 1928). Il développe une conception plutôt fédéraliste qu'il semble conserver après 1945, comme dans le cadre du règlement du problème sarrois. Il estime qu'une intégration dans l'Europe de la région permettrait d'atténuer les contentieux entre France et Allemagne ; l'Europe comme entité supranationale semble être pour lui la solution pour conserver des statuts d'autonomie régionale. [...]
[...] Schuman ne semble donc pas avoir totalement rompu avec les logiques de protectionnisme national. Conclusion : La pensée de Schuman de la construction européenne est donc présentée comme avant tout pragmatique. Poidevin la définit comme totalement conditionnée par les objectifs qu'il veut fixer avec l'Allemagne. Schuman ne formule pas de projet global, il ne pense pas non plus d'après Poidevin à une Europe élargie : son impératif est avant tout d'assurer la paix entre les deux pays (on peut par exemple noter que dans la déclaration du 9 mai 1950, il évoque une Communauté regroupant la France et l'Allemagne, les autres États ayant la possibilité de se joindre à eux). [...]
[...] Dans cette optique, la construction de l'Europe pour encadre l'Allemagne après 1945 répond également à la volonté d'éloigner cette dernière du bloc de l'Est (il évoque l'Allemagne comme un perpétuel enjeu entre l'Est et l'Ouest Schuman assure pourtant refuser de construire une Europe contre l'URSS : interview dans L'Express du 27 juin 1953 : la politique européenne n'est pas conçue en fonction de nos relations avec le monde soviétique ou dirigée contre lui Pense même qu'une construction européenne peut aider à la paix avec l'Europe de l'Est et qu'elle ne sera pas vue comme une menace par URSS puisque permettant à l'Europe occidentale de prendre plus d'indépendance vis-à-vis des États-Unis. Entre deux blocs, l'Europe tel que la pense Schuman se situe également entre Europe des nations et des régions. Si Poidevin ne développe pas la question de la souveraineté dans son étude, celle-ci apparaît d'elle-même à travers les actions de Schuman. [...]
[...] Il est donc difficile de connaître les avis réels de Schuman, mais Poidevin tente de donner des axes de sa pensée européenne à travers ses prises de partie et ses votes en particulier. L'auteur fait ressortir une pensée largement dominée par la volonté de maintenir la paix de façon durable en Europe, et ce quels que soient les conditions politiques. Face à la montée d'Hitler, Schuman semble se situer dans une position d'attentisme. Il semble croire longtemps à la possibilité d'accords avec l'Allemagne. Lors de la crise de 1938, l'Anschluss puis la demande d'annexion des Sudètes, Schuman tente de minimiser la tension internationale qui se développe. [...]
[...] Cette évocation de la période des finances permet d'avoir un aperçu de la situation économique difficile dans laquelle se trouve la France dans l'immédiat après guerre, avant l'arrivée de l'aide américaine. Schuman doit gérer les problèmes de marché noir, d'inflation. Il publie un Inventaire de la situation financière de la France (décembre 1946), sorte de programme de la politique à mener pour le redressement de la France. Schuman est ensuite élu Président du Conseil entre novembre 1947 et juillet 1948, il doit alors directement faire face à l'opposition des gaullistes et vivre les difficultés à former des majorités stables. [...]
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