Fiche de lecture de l'ouvrage de Pierre Vayssière. Dans Les Révolutions d'Amérique latine, paru en 1991, il s'interroge sur un phénomène récurrent des Etats du sous-continent depuis deux cents ans, le phénomène révolutionnaire. Si la conception française du terme s'attache à des bouleversements structurels importants, la définition hispanique englobe toutes les révoltes violentes dont la finalité est la prise du pouvoir
[...] On est bien en peine de dresser des perspectives d'avenir dans un sous-continent en mutation permanente. La lecture de cet ouvrage apporte de nombreux renseignements sur l'Amérique latine. Cependant la diversité et la quantité des mouvements évoqués donne à certains chapitres des allures de catalogue, on se perd parfois dans la complexité des mouvements et l'enchaînement des révolutions. La difficulté du livre consiste en ce qu'il allie une approche résolument factuelle à des éléments d'analyse forts intéressants. La précision de celle-là nuisant parfois à ceux-ci. [...]
[...] L'Amérique latine a donc été le terrain d'un nombre impressionnant de révolutions. On peut dès lors s'interroger sur le sens à donner à cette profusion. Si certains facteurs mis à jour par le livre laissent à penser à un enracinement profond de l'idéologie révolutionnaire, on peut peut-être aussi voir dans l'instabilité chronique du sous-continent latino-américain une maladie infantile de démocraties nouvelles qui peinent à s'installer dans les sociétés d'Amérique latine. On soulignera dans cette optique des marques d'espoir récentes : l'alternance politique engagée fin 2000 avec la victoire de Vicente Fox au Mexique et l'amorce d'un débat pacifique et démocratique avec l'armée zapatiste de libération nationale du sous- commandant Marcos, le retrait d'Alberto Fujimori au Pérou face à la pression du peuple. [...]
[...] On trouve dans la relation avec l'extérieur une des caractéristiques essentielles des mouvements révolutionnaires d'Amérique latine. Si l'auteur met en évidence que l'indépendance n'était pas dans les années 1800 une réelle revendication, elle s'est progressivement imposée à tous face au durcissement des positions espagnoles et de Ferdinand VII. C'est face à l'adversité du roi revenu au pouvoir que se forge et se renforce le sentiment patriotique américain. Les guerres d'indépendance sont, fort logiquement, des réactions à la politique des colonisateurs. [...]
[...] La faiblesse du mouvement ouvrier s'explique ainsi au vu de la place de l'agriculture, la Révolution Industrielle ayant peu touchée l'Amérique latine. Une autre réalité déterminante dans les révoltes fréquentes est constituée par la hiérarchie sociale stricte des sociétés d'Amérique latine. Outre le pouvoir tiré de la possession de la terre, l'oligarchie foncière assied sa domination par une affirmation d'une supériorité sur les indiens. Ceux-ci se révoltèrent périodiquement face à cette exploitation et à cet entretien d'inégalités criantes dans la vie courante. [...]
[...] L'échec des révolutions crée ainsi un autre type de cycle basé sur l'alternance entre les périodes de révolutions et de contre-révolutions. L'apathie dans laquelle s'installe le nouveau pouvoir conduit d'autres groupes à tenter de le renverser pour rétablir un ordre ancien remis en cause ou proposer une autre réforme de la société. Dans ces mouvements il convient de noter la place prépondérante des institutions traditionnelles comme l'armée et l'Eglise ainsi que celle des Etats-Unis. Ils réagissent face à ce qu'ils considèrent comme une menace pour leurs intérêts propres ou pour la société. [...]
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