L'interprétation traditionnelle de la Révolution est remise en cause.
On en est longtemps resté à l'essor de la bourgeoisie aidée par le peuple à la suite d'une provocation aristocratique, avec un nouvel esprit révolutionnaire de 92 à 94, l'impossible stabilité bourgeoise jusqu'en 99 puis la structuration de l'œuvre révolutionnaire par Napoléon.
Prenant la suite de l'historiographie anglo-saxonne, Jacques Solé remet en cause ces poncifs et insiste sur le poids des circonstances, les diversités régionales, l'importance de la contre-révolution populaire
[...] Le rôle des pauvres dans la Révolution est faible : ils se préoccupent d'abord de leurs problèmes et font surtout peur. Mais le déséquilibre d'une croissance démographique non suivie par la production facilite le déclenchement de la Révolution à un moment de mauvaises récoltes. La situation est en effet attribuée à la spéculation sur les grains et non aux conditions météos : Paris accuse les ministres d'un complot de la famine déjà dénoncé sous Louis XV. Le maintien de l'ordre devient alors impossible pour la monarchie relayée par des milices bourgeoises (par ex en mars à Marseille) : l'AR s'est d'abord effondré à la base. [...]
[...] Cette tendance est renforcée par la Révolution américaine (cf. les Lettres d'un fermier américain de Crèvecœur, 1782), qui ancre l'utopie mais sans réelle influence politique. A la fin du siècle, les passions intellectuelles se métamorphosent en une religion de la vertu civique et de la haine des vices des grands, chez Diderot comme chez Brissot et Robespierre (dont la psycho révolutionnaire intolérance, haine de classe, découverte de grands principes dans des événements insignifiants est en place selon Robert PALMER alors qu'il est encore à Arras). [...]
[...] Leur arrestation provoque la protestation de 60 départements, qui reste cependant non coordonnée. Mais la rébellion s'installe à Lyon, Marseille, Toulon ; des soulèvements royalistes ont lieu en Lozère et dans l'Ariège ; la situation militaire est critique en Vendée et sur toutes les frontières, décidant de l'entrée de Robespierre au CSP (27 juillet) et de l'alliance entre jacobins et le peuple (dont beaucoup d'éléments ont en fait déjà rallié la contre-révolution), scellée par l'hostilité aux riches et à la modération et la valeur patriotique du soupçon généralisé. [...]
[...] L'antagonisme entre la Gironde et la Montagne était-il irréductible ? La Convention parvient jusqu' en 1795 à contenir la contre-révolution et à jeter les bases de l'expansion française / mais méthodes violentes, échec économique, rupture avec le mouvement populaire. Composition : 730 élus avec expérience politique, 2/3 moins de 44 ans, de villes de + de 15000 hab. pop), hommes de loi ecclésiastiques, quelques nobles. La lutte entre montagnards (regroupés autour de la députation de Paris) et Girondins domine jusqu' 2 juin 93. [...]
[...] - Contradictions du jeu politique officiel (cf. Hunt, Lansky, Hamson) : système représentatif refusant l'existence de partis organisés par peur des factions et miné par les manipulations électorales et parlementaires, favorisant l'arrivée au pouvoir de fonctionnaires liés à la Révolution et se satisfaisant de l'orientation technocratique et apolitique du régime bonapartiste. Des changements décisifs ? Un nouvel Etat ? Pourquoi la Révolution française a-t-elle abouti à l'établissement d'une dictature personnelle ? Louis BERGERON montre l'ambiguïté du dernier despotisme éclairé fondateur du système unifié tjs en place aujourd'hui, qui met fin au désordre mais en supprimant les libertés et en captant toute la souveraineté. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture