Michel Vovelle , spécialiste de l'Histoire des Mentalités (La Mort et l'Occident, Gallimard ; (Les Métamorphoses de la Fête, Aubier- Flammarion) , est Professeur de l'Histoire de la Révolution française à l'Université de Paris I et Directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution. Son travail sur les mentalités porte donc plus singulièrement sur les mentalités révolutionnaires (La Chute de la Monarchie, Seuil ; la Mentalité révolutionnaire, Messidor ; La Révolution française, Images et récits, Livre Club Diderot).
Son ouvrage La Révolution contre l'Eglise, de la Raison à l'Etre suprême, met en relief les mentalités entre octobre 1793 et juin 1794, période pendant laquelle la France a été le lieu d'une offensive multiforme afin de supprimer la religion en place. L'œuvre de Vovelle, par rapport à l'historiographie, trouve son intérêt en deux points cruciaux pour permettre de mieux cerner ses enjeux :
- la faible attention portée dans l'historiographie à cette période fort particulière (en effet elle est le plus souvent traitée dans des ouvrages généraux sur la Révolution mais ne dispose pas de réflexion unitaire et unifiée à part entière)
- l'événement lui-même qui, s'échelonnant sur une période courte s'inscrivant dans le contexte d'une véritable dynamique de crise, a globalement échoué.
[...] Ce sont les représentants en mission qui sont le plus souvent dénoncés comme étant les principaux responsables : Albitte dans la région des Alpes est désigné comme le persécuteur des prêtres. Ceux doivent alors se reconvertir, en axant leur préoccupation tant sur une vie familiale que sur une activité professionnelle. La reconversion se fait avec la préférence pour l'enseignement, puis la Justice et l'administration, soit des métiers auxquels ils étaient les mieux préparés. Le mariage en lui-même, qui a représenté le scandale par excellence constitue un départ pour une nouvelle vie, quand il n'est pas une simulation. [...]
[...] Mais dès le début, Vovelle entreprend sa conclusion, affirmant : épisode sans lendemain, parenthèse incongrue, le culte de la Raison entre au rang des souvenirs que l'on cache et que l'on s'efforce d'oublier Il réactualise aussi le travail d'Alphonse Aulard, qu'il voit comme un précurseur dans son ouvrage de référence de 1906. Pour lui, sous les apparences du culte de la Raison puis de l'Etre suprême, c'est moins l'expression d'une violence toute gratuite que l'affirmation d'un but patriotique».La réouverture du débat par Marcel Reinhard dans les années 60 allait multiplier les interrogations et relancer la question, sous l'influence d'un nouveau contexte religieux et d'une sociologie (allant de pair avec une forte montée de la considération des mentalités). [...]
[...] Le contraste est fort. Une analyse sociologique tend à démontrer les différences entre les prêtres mariés et les abdicataires. La part des vicaires et des curés est moins grande chez les prêtres mariés, mais ce sont les religieux, ou prêtres habitués qui ont la part la plus grande. L'âge quant à lui diffère aussi, les abdicataires étant plus jeunes que les mariés. Mais l'abandon du sacerdoce et le mariage ensuite sont les résultantes d'un parcours marqué par le traumatisme de la Révolution et sans doute par des vocations moins spirituelles que ne l'appellerait l'état de prêtrise. [...]
[...] Même si la carte des résistances, comme celle des abdications, des mariages, des célébrations etc., n'est pas uniforme, la première poussée de l'hiver et les différentes mobilisations au printemps répondent à un processus qui se généralise peu à peu. Dans le Midi, les troubles se font plus manifestes, comme dans le sud du Massif Central qui demeure la zone des affrontements les plus rudes. En Provence et en Comtat, que la déchristianisation a touchés plus tard, certains foyers de troubles se discernent. On revendique la réouverture des églises à Valence, ce qui conduit à une reprise en main sévère. [...]
[...] Mais qui sont les acteurs de ce mouvement déchristianisateur ? Si les premières générations qui opérèrent de l'automne à l'hiver 1793-1794 étaient modérées d'une certaine façon, les nouvelles équipes de Nivôse an II sont constituées de représentants en mission parfois plus redoutables : c'est le cas en Bourgogne et en Franche Comté par exemple où des résultats significatifs sont obtenus jusqu' en germinal. L'action de l'armée révolutionnaire parisienne, en tant qu'instrument de la Terreur, se fait vers Lyon ensuite pour participer à la lutte anti- fédéraliste, en délivrant sur son passage les messages d'une déchristianisation sauvage Mais l'action des armées provinciales a également son importance, permettant ainsi une identification qui ne reste pas polarisée sur Paris mais qui met en évidence un instrument de déchristianisation bien plus vigoureux que l'armée parisienne (R. [...]
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