Retour de l'URSS, André Gide, communisme, récit, littérature engagée, critique, totalitarisme, Staline, HLP Humanités Littérature Philosophie
Au début des années 1930, André Gide s'intéresse de plus en plus au communisme et manifeste un enthousiasme certain pour l'expérience sociale et politique menée en Union soviétique. Figure engagée dans les milieux antifascistes, il accepte, en juin 1936, l'invitation des autorités soviétiques à se rendre en URSS, accompagné d'autres intellectuels français, comme Jef Last ou Louis Guilloux.
[...] Ses révélations sur la peur, la censure et la bureaucratie d'un régime négateur des libertés fondamentales gardent aujourd'hui toute leur portée. En soulevant des questionnements éternels sur le respect des droits de l'homme et des libertés individuelles, Retour de l'URSS s'inscrit encore dans les enjeux actuels liés aux dérives autoritaires de certains régimes, à l'image des interrogations soulevées sur la situation en Chine. L'ouvrage témoigne de la nécessité pour les intellectuels de conserver leur esprit critique face aux utopies politiques, même lorsqu'elles se parent des atours du progrès. [...]
[...] Cependant, après la mort de Staline en 1953 et au gré des évolutions géopolitiques, une partie de l'historiographie a adopté une lecture plus clémente des récits de voyage en URSS, dans un contexte de détente Est-Ouest. Des auteurs communistes notamment ont minimisé la pertinence des critiques exprimées par Gide, Souvarine ou autres, arguant d'un manque de recul ou d'un biais idéologique des observateurs étrangers. A partir des années 1960-1970, une partie de l'historiographie a adopté une lecture plus nuancée des écrits de Gide et des autres voyageurs critiques de l'URSS. [...]
[...] Au-delà du contexte historique précis des années 1930, ce récit garde une portée universelle en témoignant des limites d'un système ne garantissant pas les libertés fondamentales d'expression, de pensée et d'opposition politique. Il constitue ainsi un jalon majeur dans la dénonciation des dérives totalitaires au XXème siècle. V. Conclusion En conclusion, le récit de voyage Retour de l'URSS d'André Gide apporte un éclairage historique majeur sur les dérives du régime stalinien dans les années 1930, malgré certaines imperfections de son analyse. Publié très tôt pour dénoncer le totalitarisme naissant, il s'impose comme un ouvrage pionnier dans la déconstruction du mythe soviétique. [...]
[...] L'ouvrage rencontre un immense succès de librairie avec exemplaires vendus en quelques semaines. Cependant, il suscite également un tollé dans les milieux intellectuels de gauche et vaut à Gide d'être ostracisé, accusé de trahison et de complaisance avec le fascisme. Malgré les critiques, Gide persiste et, en réaction aux procès de Moscou (1936-1938), revient à la charge avec "Retouches à mon retour de l'URSS" où il ne se contente plus de faire part d'observations. En effet, il dresse un réquisitoire contre le stalinisme, mettant en garde le peuple des travailleurs sur le fait qu'il est dupé par les communistes comme ceux-ci le sont par Moscou. [...]
[...] Surtout, la portée strictement politique de l'?uvre de Gide a été relativisée afin d'y voir l'expression d'une quête existentielle et morale, plutôt qu'un manifeste idéologique. Cette lecture plus littéraire et philosophique a permis de dépolitiser quelque peu les débats souvent passionnés autour de ces récits. Au cours des années 1970-1990, alors que le mythe soviétique s'estompait progressivement dans l'opinion publique française, de nombreuses publications sont venues compléter les récits initiaux des voyageurs en URSS. La publication de carnets posthumes et de mémoires a permis de faire émerger les critiques que certains observateurs avaient tu à l'époque par peur de la réaction stalinienne, à l'image de Janine Bouissounouse qui n'a évoqué certaines rencontres problématiques qu'en 1977. [...]
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