La répression coloniale au Vietnam, 1908-1940, Patrice Morlat, Indochine, Phan Boî Chau, France, Albert Sarraut, Vietnam colonial
Né en juillet 1951, c'est en 1975 que Patrice Morlat décide d'entamer des études d'histoire. Il soutient sa thèse en 1986, thèse dont cet ouvrage intitulé La répression coloniale au Vietnam (1908-1940) est tiré et qui fut publié en 1990. Patrice Morlat intègre ensuite une entreprise de presse parisienne. Il publiera par la suite un autre ouvrage en 2001, traitant toujours de l'histoire de l'Indochine, intitulé Indochine années vingt : le balcon de la France sur le Pacifique (1918-1928). Une page de l'histoire de France en Extrême-Orient .
L'ouvrage que nous étudions ici a pour objectif d'étudier les différentes sources policières à disposition sur l'Indochine, entre 1908, date correspondant à la première révolte importante en Indochine menée par le nationaliste Phan Boî Chau, et 1940, avec la fin de la IIIe République en France, et la pression toujours plus importante des Japonais en Asie dans le contexte de Seconde Guerre mondiale. Pour cela, l'essentiel de cette étude est tourné vers la Police de Sûreté, qui est le seul organe de contrôle policier créé par la France sous l'administration d'Albert Sarraut, qui est mis en place et dont on peut réellement suivre l'évolution via différents documents (rapports, connaissance de l'organisation interne, etc.). Cela signifie également, comme c'est d'ailleurs précisé au début du livre, qu'en aucune manière il ne faut considérer cet ouvrage comme une thèse exposant les différents mouvements révolutionnaires du Vietnam colonial : les documents sur lesquels cette étude est fondée émanent uniquement du côté du colonisateur, et ne peuvent qu'aider à comprendre comment s'est organisée la répression, pas comment s'est organisé le nationalisme.
[...] Il considère notamment que la France doit ça au Vietnam, pour l'aide et le soutien apporté durant la guerre. Une charte d'autonomie est rédigée à cette fin, mais ne sera jamais ratifiée, le gouvernement étant en désaccord avec la vision de Sarraut. Des décrets visant à améliorer la représentativité des Vietnamiens sont tout de même promulgués. En septembre 1918, un décret obligeant tous les contribuables à participer aux scrutins commerciaux est édicté. Mais il s'avère rapidement que ce décret profite plus aux populations françaises que vietnamiennes, étant donné que beaucoup de colons occupent ces fonctions. [...]
[...] C'est la répression militaire qui va être choisie. S'ensuit alors une période de violence en Indochine, marquée par l'incendie de plusieurs villages et les arrestations de différents agitateurs, tout particulièrement dans la région du Tonkin. Le tout se passant à la frontière avec la Chine, les dégâts sont importants et très rapidement la Chine réclame des dédommagements à la France, sous menace de guerre ouverte. En août 1914, l'état de siège est déclaré, et un décret important dans l'histoire de l'Indochine est prononcé : le décret de Van Vollenhoven. [...]
[...] Nous allons dans notre étude suivre le plan chronologique établi par Patrice Morlat, afin de faire ressortir les différents éléments importants de ses recherches, et ainsi comprendre comment cette répression en Indochine s'est construite et a évolué au cours de cette période de la colonisation française. I. La répression du parti révolutionnaire de Phan Boî Chau La fondation de ce qu'on appelle l'Indochine française date de 1887. Mais assez rapidement, dès le début du XXe siècle, cette colonie doit faire face à des mouvements révolutionnaires. [...]
[...] En 1911, trois ans après les manifestations de Phan Boî Chau, le Français Albert Sarraut est nommé gouverneur général de l'Indochine. C'est sous son mandat que seront faites les premières évolutions capitales pour ce qui est de l'administration, et notamment l'administration policière, de l'Indochine. En effet, Sarraut va permettre la création d'une police secrète extérieure, ayant un rôle de service de renseignements sur les liens entre les Indochinois et les pays avoisinants, ainsi qu'un service aux affaires indigènes, qui est quant à lui un service de renseignements interne au pays. [...]
[...] Le gouvernement colonial ira même jusqu'à dire que selon leurs rapports, le peuple vietnamien ne souhaitait pas la mise en place de la liberté de la presse. Pour le gouvernement colonial, l'important est alors de défendre leur mainmise sur la possibilité de faire des réformes : de nombreuses associations, ou partis, communiquent régulièrement des rapports au bureau des affaires politiques, mais c'est à lui seul qu'il appartient ensuite de choisir de faire une réforme ou pas. Ce qui ressort alors de l'étude de Patrice Morlat est le fait que pour la France, le temps est à la prévention : on contrôle ce qui se passe, et on prend des décisions en conséquence, afin de prévenir des mouvements ou des contestations futures. [...]
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