on montrera d'abord quels sont les fondements et la conception du système international pour chaque auteur. On pourra alors examiner les différences de méthode d'analyse des deux ouvrages. Enfin, à partir d'exemples précis tirés de la partie des ouvrages qui est strictement similaire, on essaiera d'affiner ces comparaisons en y ajoutant celle des interprétations
[...] Nixon put ainsi, ayant réglé le conflit, fonder la politique étrangère à long terme de l'Amérique sur l'intérêt national (p. 644), ce qui se traduit par la détente avec l'URSS et les appels à un nouvel ordre mondial fondé sur l'équilibre des forces. Raymond Aron, quant à lui, considère également que l'erreur américaine est une erreur de perception : les responsables américains ont pêché par ubris, considérant qu'ils pourront trouver un gouvernement nationaliste viable qui ne soit pas communiste, et aussi par une vision maximaliste des conséquences d'une défaite, censée mettre en danger le dispositif américain dans le monde entier (pour se justifier, les responsables étasuniens reprennent à leur compte la théorie des dominos exposée par les français qui souhaitaient obtenir leur intervention en Indochine). [...]
[...] Il reste, pour montrer l'importance et les limites de ces différences, pour les préciser aussi, à examiner ce qu'elles entraînent en pratique dans les raisonnements. Nous aborderons pour cela le traitement dans chaque ouvrage de deux épisodes fondamentaux : l'élaboration de la doctrine de l'endiguement et sa première application dans la guerre de Corée d'une part, la guerre du Viêt-nam d'autre part. Les débuts de la guerre froide La doctrine américaine de l'endiguement, préfigurée dès 1946 par le get tough professé par Truman, trouve sa source dans les notes envoyées par l'ambassadeur des États-Unis en URSS George Kennan et dont il reprit les grandes lignes dans un célèbre article paru en 1947 signé M. [...]
[...] Raymond Aron est plus circonspect sur les causes de la guerre de Corée, et il ne se soucie pas de donner, comme a tendance à le faire Henry Kissinger, son évaluation de ce qu'il aurait fallu faire sur le terrain. Mais il s'attarde beaucoup plus sur les conséquences de la guerre : L'accident coréen a déclenché le réarmement aux États-Unis et en Europe. (p. 78). Par ailleurs, la guerre de Corée marque selon lui le premier d'une série de désaccords entre URSS et Chine populaire, car la Chine ne reçoit pas dans son affrontement avec Taiwan le soutien de l'URSS, qu'elle estime avoir gagné par sa coûteuse intervention. [...]
[...] Son but est d'expliquer les déterminants de l'action extérieure des Etats-Unis, et pour cela il se place toujours dans le cadre interétatique, réfutant les thèses révisionnistes et para marxistes sans pour autant accorder trop de confiance, on le verra, aux déclarations des acteurs de la politique extérieure des États-Unis. Henry Kissinger, quant à lui, replace toujours la politique menée par les Etats-Unis dans le contexte plus général de l'évolution du système diplomatique mondial. Mais, implicitement la plupart du temps, il mène ses analyses en comparant les conceptions qu'il observe aux situations objectives, donc dans une perspective réaliste. [...]
[...] L'ouvrage de Raymond Aron conteste ainsi souvent les analyses menées par les révisionnistes sur l'action américaine, y compris sur le plan moral. Pour ce qui est des principes et des fondements de l'analyse, il apparaît donc que les deux ouvrages sont très proches. Cela n'empêche pas des différences de point de vue, Raymond Aron s'attachant plus à l'efficacité et au plan moral. Ces premières différences ressortissent principalement à la différence d'époque. Henry Kissinger peut adopter, sans aucun doute, un ton plus détaché, alors qu'il écrit à une époque où les controverses ont perdu leur virulence et où le succès des États-Unis est certain long terme. [...]
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