Ce récit retrace deux itinéraires, le premier itinéraire est collectif : il concerne un groupe d'hommes, les Algériens prisonniers enfermés dans un camp parce que leurs « spermatozoïdes sont subversifs ». Le second itinéraire est individuel : un personnage qui a perdu la mémoire lors d'un bombardement et retrouve ses esprits et son village après l'indépendance.
[...] Ils sont opposants parce qu'ils ne peuvent pas être partie prenante. Passage à connaître Toi qui es mon fils, tu me diras la vérité. Car à ma question répétée, je n'ai pu obtenir nulle réponse. Que s'est-il passé au pays ? Pourquoi les oiseaux ont-ils disparu ? Pourquoi construit-on des ponts sur des rivières mortes ? Pourquoi les paysans se laissent-ils lentement transformer en statues de pierre ? Pourquoi les morts refusent-ils de témoigner ? Qui te dit que je suis ton fils ? Tes yeux. Tu divagues, l'homme. [...]
[...] Une fraction de seconde pour transformer un relief familier : la croûte se boursoufle, d'anciennes sources tarissent, jaillissent de nouvelles sources, en pleine montagne, qui projettent d'un jet furieux leur eau fumante vers le ciel, le fleuve, détourné de son lit initial, s'égare parmi de nouveaux vallonnements. Il a perdu la direction de la mer. Où ira- t-il ? La terre devenue légère sous les pieds, comme une feuille morte, toute pesanteur anéantie. Un immense nuage de poussière recouvre la ville. Le ciel disparaît. Un géant invisible s'amuse à désarticuler une maquette. La voie ferrée tordue. Le train, ventre en l'air, bousculé d'une chiquenaude. [...]
[...] Mon père est mort il y a bien longtemps. Nous sommes ainsi des milliers à traîner dans les rues, orphelins sans passé et sans mémoire, confrontés au plus total désarroi. Toute l'injustice du monde! En un instant tout est consommé. Les hommes abasourdis lèvent les yeux vers le ciel, resté immuable. La foudre est venue d'ailleurs. Déflagration diurne. As-tu déjà vu la terre s'entrouvrir ? Comme une grenade trop mûre ? Qui montre ses entrailles. Toute puissance de la matière minérale dans sa fausse apparence d'inertie. [...]
[...] De plus, le fleuve détourné montre un chemin dévié de son objectif comme une ambition quant au renouveau de l'Algérie qui a été détourné par d'autres personnes. Ainsi le fait que ce soit un fleuve qui soit détourné nous indique qu'il reviendra à sa place. En effet, un fleuve peut être détourné de son cours d'eau mais tôt ou tard il récupérera sa place initiale. Alors le fleuve détourné est la métaphore d'un avenir algérien détourné de sa volonté naturelle c'est-à-dire la volonté de son peuple et qui reprendra sa place tôt ou tard. [...]
[...] Rachid Mimouni, "Le fleuve détourné" Le Fleuve détourné, publié en 1982, évoque les déceptions engendrées par la dictature militaire après que l'Algérie eût obtenu son indépendance. Ce récit retrace deux itinéraires, le premier itinéraire est collectif : il concerne un groupe d'hommes, les Algériens prisonniers enfermés dans un camp parce que leurs spermatozoïdes sont subversifs Le second itinéraire est individuel : un personnage qui a perdu la mémoire lors d'un bombardement et retrouve ses esprits et son village après l'indépendance. [...]
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