Henri Alleg a écrit « La question » en 1957, en pleine guerre d'Algérie. Cette guerre, qui oppose l'armée française à l'Armée de libération nationale (A.L.N., branche armée du Front de libération nationale (F.L.N.)), commença en 1954 et se termina en 1962 à la fois par la proclamation de l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962 suite au référendum d'autodétermination du 1er juillet prévu par les accords d'Évian du 18 mai 1962, par la naissance de la République algérienne le 25 septembre et par le rapatriement du million de Français vivant en Algérie.
Dans cet ouvrage, l'auteur fait le récit des tortures qui lui furent infligées par des paras français, de son mois de détention à El-Biar. Le livre commence à son entrée à El-Biar et s'achève au moment où il est transféré au « centre d'hébergement » de Lodi. Il écrivit ce livre, de mémoire, quatre mois après le déroule des faits, dans sa cellule de la prison civile d'Alger, dissimulant les pages écrites et les transmettant aux Editions de minuit.
[...] Henri Alleg dénonce également l'attitude d'un traître : Boulafras, musulman chargé de la distribution de repas aux prisonniers. Boulafras, fait prisonnier par les paras, a accepté de les servir en échange de la vie. Les paras lui ont donné le surnom Pour-la-France Il est qualifié de déchet par Alleg. La dénonciation, but de l'auteur de La question est également le but de ses tortionnaires. Immédiatement après son arrestation. La première question qui est posée à Alleg par le lieutenant des parachutistes Charbonnier est Qui vous héberge ? [...]
[...] Le para commence par voir dans une séance de torture un spectacle divertissant et finit acteur de ces mêmes séances. Cependant, une exception est relatée par Alleg : un para n'était pas d'accord au centre de tri. Ce jeune, avec un accent du terroir, lui apporta des provisions (cerises, chocolat, pain, cigarettes) et surtout lui serra la main très fort. Commentaires Dans La question Henri Alleg fait donc le récit à chaud de ce mois de détention et de tortures. À la fin de son ouvrage, l'auteur écrit : J'ai terminé mon récit. Jamais je n'ai écrit aussi péniblement. [...]
[...] J'ai côtoyé, durant ce temps, tant de douleurs et tant d'humiliations que je n'oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c'est aussi une manière d'aider au cessez-le-feu et à la paix (p. 15) Tout cela, je devais le dire pour les Français qui voudront bien me lire. Il faut qu'ils sachent que les Algériens ne confondent pas leurs tortionnaires avec le grand peuple de France, auprès duquel ils ont tant appris et dont l'amitié leur est si chère. Il faut qu'ils sachent pourtant ce qui se fait ici en leur nom (p. 112). [...]
[...] Il refuse également de rentrer dans le jeu de ses tortionnaires en refusant de donner sa souffrance en spectacle (ainsi, n'ayant pas bu depuis deux jours et se voyant proposer de l'eau à boire s'il parle, il préfère relever la tête, ne pas regarder l'eau et ne pas boire pour ne pas donner sa souffrance en spectacle aux autres paras venus voir le spectacle La résistance de l'auteur l'emportera sur les tortures : l'auteur garde toujours comme objectif de ne pas parler, et il ne parlera pas. Cette résistance et cette volonté de l'auteur ira même jusqu'à inspirer une certaine admiration de la part des tortionnaires, qui commenceront à partir de ce moment à changer de comportement envers Henri Alleg. La figure du tortionnaire En décrivant ses séances de torture, Henri Alleg en dit long sur ses tortionnaires. Tout d'abord, ses tortionnaires sont (du moins au départ) sûrs d'eux. [...]
[...] L'auteur décrit avec précision ces moyens de torture : gifles, coups, brûlures, noyade. Cependant, le premier moyen de torture utilisé (quelques heures après l'arrivée l'auteur à El-Biar et après son refus de dénoncer ses amis) et le plus fréquemment utilisé est la torture à l'électricité : l'auteur étant attaché sur une planche, ses tortionnaires vont placer des pinces électriques sur différentes parties de son anatomie et envoyer une décharge électrique, dont l'intensité sera de plus en plus forte. Ils l'aspergeront d'eau pour renforcer l'intensité du courant. [...]
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