Prison badinter république
Badinter conte la consécration du principe cellulaire (qui s'oppose à l'emprisonnement collectif) de manière purement chronologique, partant des débats préliminaires de la commission d'Haussonville préconisant l'enfermement cellulaire, et débouchant au rattachement de l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice. L'univers carcéral en général a en effet connu une intense période de réforme entre 1871 et 1914, dont nos prisons actuelles sont directement issues. Mais comment une telle évolution a-t-elle pu se faire dans un contexte politique aussi trouble ? Quelles en sont les contradictions ? Quel bilan peut-on dégager de cette période-clé de l'histoire carcérale ?
[...] Bouchet, député de la gauche républicaine, souligna en effet le 19 mai, « l'injustice d'un système où les petits délinquants sont punis plus durement que les grands criminels condamnés à la réclusion » (puisque le projet cellulaire ne concernait alors que les prisons départementales), dénonça l'isolement cellulaire, « plus cruel aux détenus plus frustes des classes populaires qu'aux hommes instruits » et conclut en avançant que l'isolement total pouvait avoir des conséquences bien plus désastreuses du point de vue moral que la vie en commun. La dureté de la peine était donc déjà un sujet sensible pour les républicains, et l'est resté ensuite. [...]
[...] Ces projets restent lettre morte, malgré la présentation d'un nouveau projet en 1882 et l'intervention de deux conseillers socialistes en 1888. Ce n'est qu'en 1890 que la stagnation des constructions pénitentiaires est un peu désamorcée, avec la construction de Fresnes, considérée comme rationnelle et économique, qui pourrait accueillir environ 2000 détenus, soit la population cumulée des établissements supprimés (Mazas, Sainte-Pélagie, Grande-Roquette). Cette prison est vue comme un modèle (« réalisant le double but que j'ai indiqué : améliorer le sort des prisonniers ; contribuer à leur relèvement moral », M de Selves, préfet de la Seine). [...]
[...] Parce que l'opinion n'y est pas prête, l'humanisation de la peine est largement limitée Conclusion et transition : C'est la peur très forte de la récidive qui donne au système pénitentiaire de la Troisième république ses accents les plus sévères. Parallèlement, sur de nombreux aspects, la volonté est forte d'humaniser la prison, de la changer. C'est cependant l'immobilisme et l'indifférence qui l'emportent et, avec eux, la dureté et la précarité du quotidien carcéral Indifférence et immobilisme politique : le constat d'échec. [...]
[...] Il y a là une exagération et une fausse interprétation »). Finalement l'idéologie républicaine à la française, ne pouvant pas retenir la justification du crime par l'hérédité, ne conserva que l'appendice ajouté par Ferri à cette théorie: le volet sociologique (que Tarde défend). La criminalité s'est vue en effet très vite expliquée par la misère aussi bien matérielle qu'intellectuelle. Cela correspondait parfaitement à la vision initiale des Républicains qui déjà en 1875 fustigeaient l'idée d'une réforme des prisons antérieure à une réforme des écoles. [...]
[...] L'étude du budget politique est donc une excellente jauge de la volonté politique en matière pénitentiaire. La tendance générale que Badinter décrit à plusieurs reprises est à la baisse continue des crédits alloués. Ainsi de 1884 à 1889, le budget pour la pénitentiaire est-il passé de 26 à 21 millions de francs, soit une baisse de 19%. Cette évolution est assez constante, tant et si bien qu'en 1895, le budget est de 20 millions de francs en 1901 sous Waldeck Rousseau sous Combes en 1904. [...]
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