Primo Levi est un chimiste italien né à Turin en 1919. Il grandit dans une Italie fasciste et ségrégationniste vis-à-vis des juifs, mais dans les années trente, la population juive n'est que peu inquiétée. Cependant, Mussolini déclare en 1938 que les juifs sont une "impureté au sein du peuple Italien" et promulgue une série de lois raciales plus dures et répressives. En 1943, Primo Levi rejoint alors le mouvement partisan antifasciste Giustizia e Libertà, mais est fait prisonnier par la milice fasciste en décembre 1943, et avoue pendant les séances d'interrogations être juif. Pour cela, il est interné dans un camp d'internement de juifs à Fossoli, avant d'être déporté en février 1944 au complexe concentrationnaire d'Auschwitz. Après la libération du camp par l'Armée Rouge, il rejoint l'Italie, où il se marie et prend la direction d'une entreprise de produits chimiques. En 1947, il publie son livre désormais célèbre, "si c'est un homme". Il traite dans cet ouvrage de la vie des concentrationnaires, mais ne cherche pas à "ajouter [quoique ce soit] sur ce que les lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps d'extermination". Par son livre, il ne cherche pas à juger moralement les responsables, mais à témoigner. Il préfère "le rôle de témoin à celui de juge". En faisant cela, il approche l'évènement de manière dépassionnée et le plus objectivement possible, car seulement dans ces conditions "un témoin appelé à déposer en justice remplit sa mission, qui est de préparer le chemin aux juges". Ainsi, sur un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre depuis soixante ans, Primo Levi se distingue par sa volonté d'apparaitre le plus crédible possible en recourant au langage "sobre et posé" du témoin. Le livre est avant tout une autobiographie. Dans ce sens, l'auteur organise donc son livre de manière chronologique, mais parallèlement, il y inclut au fur et à mesure du développement des chapitres thématiques. Il s'agit donc d'étudier le déroulement de l'histoire et de la vie dans le camp en y dégageant les thèmes principaux.
[...] Les prisonniers doivent cacher leurs possessions, se déshabiller et se coucher. Ils doivent partager leurs couches de soixante-dix centimètres de large avec un ou deux autres prisonniers. Certains crient, ronflent, gémissent, et le dortoir sent l'urine et la sueur, mais surtout, les concentrationnaires doivent se lever toutes les deux ou trois heures pour aller au seau du dortoir. En effet, pour moins les nourrir, leurs gardes leur donnent à manger la soupe la plus liquide possible afin de remplir au maximum leurs estomacs et tenter de couper leur faim. [...]
[...] Les Allemands du camp commencèrent à être agités et encore plus exécrables avec les autres prisonniers, croyant "lire sur chacun de nos visages le sarcasme de la revanche et la joie cynique de la vengeance" tandis que le camp et les alentours commençaient à être bombardés. En plus de cela, l'hiver approchait, et les conditions de vie allaient encore se dégrader un peu plus pendant quelque mois tandis qu'aurait lieu une nouvelle sélection. L'auteur est relativement épargné par ces difficultés, car il fait partie du Kommando de chimistes, et donc mangera mieux que les autres l'hiver. Il attrape toutefois la scarlatine et se fait interner à l'infirmerie. [...]
[...] Les SS, chargés de superviser les prisonniers et le camp, habitent pas et ne sont pas nombreux. Les véritables maîtres du camp, ce sont les prisonniers de droit commun, qui ont en pratique un droit de vie et de mort sur les autres prisonniers. Il y a en effet dans un camp de concentration, des groupes distincts de prisonniers. Les juifs, qui portent l'étoile de David, les prisonniers politiques, qui ont sur leur costume un triangle rouge, et les prisonniers de droits communs, qui ont eux un triangle vert, et qui sont chargés de faire régner l'ordre à l'intérieur du camp. [...]
[...] Il y a donc eu une période de 10 jours entre l'évacuation du camp et sa libération par l'armée soviétique, période pendant laquelle Primo Levi a tenté de survivre avec l'aide de deux compagnons français, sans aucun ravitaillement en nourriture ou combustible. Son calvaire a donc pris fin le 27 janvier 1945, après presque un an d'internement. De nombreux ouvrages ont été écrits sur la Shoah, mais presque toujours, il s'agit de victimes qui racontent leur histoire, avec, d'après l'auteur, le langage "pathétique de la victime, et[/ou] véhémence du vengeur". [...]
[...] Ensuite d'anciens prisonniers, viennent raser tous les poils de leurs corps et on leur donne des pantalons, des vestes rayées, et des chaussures. Finalement, chaque concentrationnaire se voit tatouer un numéro d'identification sur l'avant- bras gauche, en guise de nouveau nom: le but est en fait de détruire tout repère que possède le prisonnier, afin de mieux le désorienter et faciliter sa soumission. Primo Levi nous explique alors la topographie des lieux: Le camp est composé de grandes baraques en bois, appelées Blocks. Chaque Block possède un numéro, et sert à un usage spécifique. [...]
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