Patrice Gueniffey est directeur d'Etudes à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales où il intervient dans les enseignements « Politique et constitutions en France 1789-1962 » et « Recherche sur la République consulaire ».
Patrice Gueniffey a publié en 1993 Le Nombre et la Raison, La Révolution Française et les Elections, essai préfacé par François Furet, qui aborde le principe de l'élection lors de la Révolution, principe vécu comme le symbole de « l'appropriation populaire de la souveraineté » mais qui n'a paradoxalement pas suscité un grand engouement lors de cette période. Il a également participé au collectif Le Journal de la France et des Français, chronologie politique, culturelle et religieuse de Clovis à 2000, paru en 2001, qui est le reflet de l'Histoire de France retracée à travers des évènements divers, qu'ils soient politiques, religieux, sociaux, économiques etc.
Patrice Gueniffey publie également des articles pour les revues Aetas (revue hongroise publiée depuis 1996), Le Débat (revue française de Pierre Nora publiée depuis 1980), Historical Reflexion (revue de l'université d'Alfred (New York) publiée depuis 1974) ou encore Istor (revue mexicaine d'histoire internationale dirigée par Jean Meyer), ainsi que pour des dictionnaires historiques comme le fameux Dictionnaire du vote (2001), pour lequel il a rédigé les articles « censitaire », « capacitaire », « Première République », « Révolution Française », ou encore le Dictionnaire Critique de la République (2002), dans lequel il s'illustre dans le prologue sur la « Ière République », mais aussi dans les articles « La Démocratie » et « Marie de Condorcet ».
[...] L'on peut par ailleurs s'interroger sur la permanence des thèses soutenues par Patrice Gueniffey. Dans La Politique de la Terreur, il écrit ainsi la rupture avec l'absolutisme s'accomplit dans les formes mêmes de l'absolutisme Il est dès lors intéressant de lire certains des articles qu'il a écrits pour le Dictionnaire du vote ou le Dictionnaire critique de la République. Dans le premier (article Révolution Française il reprend la thèse d'une continuité entre l'Ancien Régime et la Révolution, à travers l'exemple du vote en montrant en quoi la centralisation royale a influencé les révolutionnaires à travers la résurgence de comportements politiques traditionnels démontrant la difficulté rencontrée par la Révolution de créer un espace politique moderne Il ajoute par ailleurs que le recours aux pratiques anciennes relève du fait que l'individu qui informe tout le discours révolutionnaire [ ] n'existe guère dans la société réelle Dans le prologue La Ière République du Dictionnaire critique de la République, il écrit de même : sans la tentative de fuite de la famille royale, [ ] la Révolution serait restée ce qu'elle était depuis 1789 : républicaine par raison et royaliste par sentiment Par ailleurs, Gueniffey semble ici considérer la Révolution comme une pause dans l'histoire de la République, en écrivant l'histoire de la République, comme principe, ne commence pas en 1792 mais dès 1789. [...]
[...] Une seule Révolution. Une triple essence de la Terreur. Mais comment sont- elles liées ? L'intérêt de l'essai de Patrice Gueniffey tient dans l'étude des interactions entre Révolution et Terreur. Patrice Gueniffey réfute tout d'abord catégoriquement la thèse tendant à prouver que la Terreur n'est que le fruit de circonstances extérieures, tenant à la guerre (européenne et nationale). Pour l'essayiste, les rares références à la guerre pendant la Terreur invalident effectivement cette thèse. [...]
[...] La thèse de l'essayiste est que la Révolution porte en elle la Terreur par son essence même. En effet, il montre que la Terreur ne doit pas être définie qu'en termes de violence mais bien en termes politiques en général. Ainsi, la Terreur est engendrée par la Révolution (et même par toute révolution au sens large). Selon Patrice Gueniffey, c'est en effet en 1789 que naît 1793, car la Terreur porte les héritages de l'Ancien Régime. L'Assemblée constituante de 1789 tente effectivement de rompre avec ce dernier tout en utilisant ses outils, en remplaçant la souveraineté royale par une souveraineté populaire, tout aussi puissante. [...]
[...] III- Analyse critique de l'ouvrage En premier lieu, il est intéressant de s'attarder sur la forme des propos de Patrice Gueniffey. Effectivement, si l'on ne peut nier que certains passages soient très explicites, à l'instar du chapitre La Révolution française et la Terreur il faut toutefois reconnaître que l'ensemble manque de clarté et de rigueur car l'auteur semble se perdre dans des raisonnements théoriques poussés au bout d'une logique du tout- politique Les chapitres de l'ouvrage sont comparables à des mini- essais indépendants, et l'ensemble manque de cohérence et la thèse est difficile à dégager. [...]
[...] L'on peut en outre critiquer la place prépondérante voire hégémonique qu'occupe la politique dans son analyse de la Terreur. Pour Patrice Gueniffey, la Terreur n'est pas l'illustration des effets de l'illimitation de pouvoir mais bien la part obscure du pouvoir lui-même que [la Terreur] tient à sa nature Il étudie dès lors les dimensions stratégiques de la mise en place de la violence, et les composantes de la Terreur sont étudiées sous le jour de la philosophie politique. Il se rapproche ainsi de Burke ou encore Carl Schmitt. [...]
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