Les campagnes, en tant qu'objet pour l'histoire, sont au cœur des questionnements depuis une vingtaine d'années. Longtemps, leur approche a été dominée par une vision progressiste, construite dans le contexte d'un pays de plus en plus urbanisé, dès la fin du XIXe siècle. Elle s'inscrit dans la longue durée, celle de la marche au développement de l'Europe.
A cette première perspective, il faut ajouter la représentation agrarienne des campagnes : l'objet campagne s'insère dans une dynamique de transformations profondes dont les aspects économiques sont moteurs : industrialisation, ouverture des marchés, essor du capitalisme. On pourrait dire qu'il s'agit là d'une même représentation dans laquelle villes et campagne ont longtemps été opposées dans des relations d'interdépendance mutuelles, comme le sont le centre et les périphéries, le dominant et les dominés. L'agrarisme, clé de lecture majeure, nous donne à voir des campagnes acculturées, gagnées petit à petit par ce modèle de développement et profondément transformées.
[...] L'élément central du débat est bien de s'interroger sur la signification de la Seconde République pour les paysans (donc des choix et des mobilisations évoquées dans le livre). Mac Phee met aussi à mal la thèse de Weber selon laquelle la politisation n'interviendrait que dans les années 1880.La mobilisation apparente de larges zones n'est pas en fait ce qu'elle semble être. Les arguments et méthodes de Weber sont sujets à critique : le portrait qu'il dresse de la France rurale ne tient compte ni de sa complexité, ni ses relations avec les villes. Il s'appuie par ailleurs beaucoup sur les minutes notariales. [...]
[...] La France rurale dépeinte par Mac Phee est une France conscientisée et politisée. Il appuie son argumentation sur de nombreux travaux, dont les siens sur les Pyrénées orientales. Au final, il se positionne dans la lignée des travaux renouvelant l'approche des campagnes, perçues comme un objet d'études en tant que telles et inscrites dans la durée. Marx, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte Seignobos, La révolution de 1848, le Second Empire, in Lavisse, Histoire de la France contemporaine (Paris 1921) P. [...]
[...] Cette compréhension est le fruit d'héritages culturels et historiques. On peut identifier dès lors des effets d'aller-retour liés aux changements et qui viennent modifier ou transformer ces perceptions. Deux événements majeurs ont influé sur ces perceptions : la révolution de 1830 (dont les effets se sont faits sentir jusqu'en 1834) et la loi électorale de De la crise de la monarchie de juillet 1846-1848 à la libération de la vie politique (février-juin 1848) Longtemps, les journées de juin ont conditionné les recherches de causalité. [...]
[...] En 1847, le monde rural se remet à peine d'une crise de subsistance. Et au final, bien que la monarchie de juillet soit forte électoralement, l'antipathie populaire augmente. Rien cependant de nature à renverser le régime puisqu'il n'y avait aucune raison pour s'imaginer que les ruraux allaient demander des comptes au régime. Les historiens, pour la plupart, ont fondé leur histoire de la deuxième république sur les hypothèses du conservatisme rural et ils ont de fait souvent dépeint la Révolution de 1848 comme un phénomène parisien, submergé par les grandes vagues de la réaction paysanne en avril et en juin. [...]
[...] La versatilité politique, forte, se manifeste dans le scrutin de mai 1849 : le parti de l'Ordre est le grand gagnant de ces élections. Le plus marquant cependant est la polarisation liée à ces élections : parti de l'Ordre contre Rouges comme on commence à les appeler. Les républicains modérés ont fait les frais de cette polarisation. Il est surprenant de constater que les régions dans lesquelles le vote à gauche a été élevé sont aussi celles où Bonaparte a réalisé un score important en décembre 1848. [...]
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