L'Etat en France de 1789 à nos jours est une mise en perspective problématique des relations entre l'Etat et la société française depuis la Révolution. Ce n'est pas un simple livre d'Histoire et en cela il peut trouver sa place dans les grands enjeux du débat politique, économique et social contemporain. Comment peut-on, en effet, appréhender les spécificités de l'Etat en France aujourd'hui et tenter d'en prévoir les évolutions futures sans comprendre auparavant qu'il est sous-tendu par deux siècles de faits et de théories politiques, sociales et économiques ? Comment peut-on le cerner sans voir qu'il s'est formé par couches successives, par une conquête de légitimité dans des champs d'activité qui se sont progressivement élargis. Comment comprendre enfin dans ce cadre la crise de l'Etat providence ainsi construit ?
[...] Peut-être l'Etat, a-t-il besoin de mythes pour survivre (voir à ce sujet tous les mythes politiques comme celui du sauveur dépeints par Raoul Girardet dans son opuscule Mythe et mythologie politiques). Peut-être cela explique-t-il la crise traversée par l'Etat dans les pays démocratiques (pas uniquement en France). Peut-on adopter les valeurs rationnelles que prône la démocratie pour comprendre la construction progressive de l'Etat démocratique ? Pierre Rosanvallon présente à la fin du livre la crise de l'Etat en France comme spécifique. [...]
[...] La distinction entre recettes ordinaires et extraordinaires qui dataient de Philippe le Bel est remise en question. L'impôt devient, dans ces conditions la base du fonctionnement d'un Etat aux prérogatives élargies. Sous la Restauration, un Etat fiscal régulier se met en place. Le budget voté sous la forme d'une loi de finances devient le miroir chiffré des activités de l'Etat, mettant fin à une grande tradition de désordre et de secret. Les chiffres sont publiés. La première conséquence de cette régularité technique et politique est la disparition des révoltes fiscales au XIXe siècle. [...]
[...] L'Etat institue la nation en France (il la précède). La troisième figure est celle de la providence, l'Etat se définissant comme un "réducteur d'incertitudes" (formule de Hobbes). L'Etat de droit traditionnel, par définition protecteur, devient un Etat providence, fondé sur l'extension à la sphère économique et du social des droits de l'homme, qui se prolongent ainsi dans des droits sociaux. L'Etat enfin est le régulateur de l'économie. Depuis la révolution keynésienne, la sphère économique est intégrée au système d'action de l'Etat. [...]
[...] L'Etat cesse de se gonfler et de se dégonfler au rythme des guerres. Dans ce nouveau cadre, la légitimation de l'Etat comme puissance protectrice autonome (forgée parallèlement à la construction de la séparation entre sphères privée et publique aux XVI et XVIIe siècles) apparaît de plus en plus fragile. L'Etat devient plus transparent, notamment en matière financière. Necker met en avant dès 1781 la contre-productivité du secret (et le concept de visibilité productive). Il s'agit un glissement de la notion d'intérêt public à celle d'intérêt général. [...]
[...] L'hygiénisme a également des applications en matière d'urbanisme et d'institution d'une médecine de masse. L'Etat hygiéniste a pour objet la société prise comme un tout : il se donne pour finalité de produire le social et non pas de protéger l'individu L'Etat providence Au contraire de l'Etat hygiéniste, l'Etat providence est fondé sur la détermination de règles de justice et de normes de redistribution qui fixent les devoirs de la société envers chaque individu et les formes de la solidarité. [...]
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