Comprendre l'influence de la Grande Bretagne outre-mer au XIXème siècle nécessite de porter son intérêt au-delà de ses seules possessions, et d'envisager la multiplicité des aspects de la domination britannique dans le monde (commerce extérieur, crédit à l'étranger, émigration, mais aussi sur le plan militaire, naval, religieux et culturel), au-delà des possessions impériales.
La nature et l'impact de l'influence britannique, le rôle que le gouvernement a pris dans son renforcement, sont difficiles à quantifier. Comment la métropole envisage-t-elle et met-elle en œuvre l'extension de son influence au-delà de l'Empire ? Ici l'enjeu économique prime (sur les questions culturelles, religieuses, démographiques, politiques) dans la définition des zones qui intéressent les britanniques.
[...] Avec les guerres des années 1790 cessent les communications transatlantiques. Suite à l'invasion par Napoléon de la péninsule ibérique en 1808 le pouvoir espagnol est contesté de Mexico à Buenos Aires. Les marchands britanniques bénéficient de cette opportunité (biens de contrebande vers Lima), mais la GB cherche à coupler l'intérêt économique et l'avantage géopolitique. En 1796-1808 Espagne et France sont alliées contre la GB, qui s'en prend aux colonies ennemies (prise de Monteveido et Buenos Aires en 1806-7, projette même de s'en prendre au Mexique). [...]
[...] Sous Mohamed Ali (1805-1848) elle a connu une importante croissance économique (économie protectionniste ; grand nombre d'entreprises publiques : textiles, sucre, verre, papier ; monopole de l'export par l'Etat). Ce système est affecté par le traité de 1838, l'Etat doit recourir à l'emprunt à l'étranger. Comme en Chine, les juridictions indigènes sont de plus en plus érodées par la pression occidentale. La GB y gagne en devenant la principale partenaire commerciale de l'Egypte, surtout pendant la seconde moitié du siècle (dans les années 1880, elle absorbe 80% des exportations égyptiennes, est sa première prêteuse). [...]
[...] L'Amérique latine a produit des élites qui collaborent pour des raisons d'intérêts personnels (économiques et idéologiques), un réseau de sympathie pour les intérêts britanniques. Alors qu'en Afrique les conditions locales et la stratégie ont obligé les Britanniques à entreprendre le défrichage politique eux-mêmes, en Amérique latine l'élite locale prend les choses en main et la GB joue son rôle en fournissant des biens et du crédit. Malgré sa perte de vitesse face aux Etats-Unis, la GB survit bien jusqu'en 1880, mais elle perd progressivement des marchés jusque dans le cône sud. [...]
[...] Andrew PORTER dir., The Oxford History of the British Empire, III : The Nineteenth Century art. de Alan KNIGHT, “Britain and Latin America”, p. 122-145 L'Amérique espagnole est libre, et si nous ne gérons pas trop mal nos affaires, elle est anglaise (G. Canning, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, 1824) : célèbre citation qui a conduit notamment les théoriciens marxistes à inclure l'Amérique latine dans la notion "d'Empire britannique informel" (passage d'un impérialisme formel espagnol à un impérialisme informel britannique). [...]
[...] Selon Adam Smith, l'activité économique ne prend pas place dans un vide ethnique et culturel, elle n'est ni amorale ni anomique. On observe donc une forme de prosélytisme culturel plus ou moins enraciné par la suite, avec la création d'une élite sympathisante envers le modèle britannique (étant donné la faible immigration britannique, on manque de collaborateurs "préfabriqués"). Par exemple en 1852 la chute du dictateur argentin Rosas amène au pouvoir une nouvelle élite politique civile et un certain "ordre constitutionnel" aux yeux des observateurs. [...]
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