Dans ses ouvrages intitulés L'invention de la tradition, et Nations et nationalisme depuis 1789, Éric Hobsbawm, un historien britannique et théoricien du parti communiste de Grande-Bretagne qui a travaillé sur la question des nations et des nationalismes en Europe aux XIXe et XXe siècles ainsi que sur l'invention des traditions par les nations, se propose d'étudier les deux questions inhérentes à l'histoire aussi bien factuelle que sociale des XIXe et XXe siècles que sont la tradition et le nationalisme. Il s'interroge notamment sur la monarchie anglaise et sur tout le mythe qui l'entoure.
[...] La Grande Bretagne entre dans l'ère de la Monarchie Constitutionnelle : en Angleterre le roi agit selon la volonté du peuple, il serait un roi socialiste Entre 1910 et 1928, la Grande-Bretagne qui était une des nations européennes avec le droit de vote le plus limité donne le suffrage universel, dotant l'inquiétant prolétariat affamé et épuisé par la guerre d'une hégémonie considérable en matière électorale Dans ce contexte, une monarchie politiquement neutre et personnellement admirable fut présentée avec un grand succès comme le foyer de la stabilité a une époque de bouleversements et ce, grâce à sa splendeur cérémonielle, anachronique et mesurée. L'événement le plus important de cette époque fut la création du B.B.C, qui joua un rôle déterminant. Instituées dès 1932, les traditionnelles émissions de Noël à la radio furent immédiatement adoptées comme une tradition. Celles-ci permettaient d'éveiller un sentiment de participation au cérémonial auparavant impossible. [...]
[...] En 1817, aux funérailles de la fille du prince régent, la princesse Charlotte, les entrepreneurs des pompes funèbres étaient ivres. Les funérailles de Guillaume IV, furent longue et fastidieuses, et les personnes présentes flânaient, riaient, bavardaient et ricanaient à proximité du cercueil. L'inaptitude à conduire le rituel et l'intérêt limité qu'il suscitait, corroborée par la faible exploitation commerciale et économique des cérémonials au cours de cette période réduisirent le phénomène cérémonial. Ainsi, les couronnements de Guillaume IV et de Victoria suscitèrent peu d'intérêt, et entre 1861 et 1886 malgré le nombre important de mariages royaux, la fabrication de faïences célébrant la royauté fut inexistence. [...]
[...] Les grandes cérémonies royales étaient décrites avec instantanéité et vivacité, provoquant admiration et émotion. Les innovations technologiques dans le domaine des transports permettaient ainsi de rendre les carrosses royaux, auparavant banals, de plus en plus splendides, anachroniques et entourés d'une splendeur romantique. Les mêmes tendances se retrouvaient dans la concurrence internationale : les cérémonials royaux et l'affirmation de l'apparat semblaient monter une inquiétude de la part de la Grande Bretagne face aux nouvelles puissances économiques mondiales. Cette concurrence se retrouvait dans la reconstruction à grande échelle des capitales, qui voulaient montrer de façon ostentatoire leur puissance. [...]
[...] Contrairement aux autres pays, c'est la faiblesse croissante de la royauté qui rendait possible un tel rituel. A la fin du XIXe siècle la Grande Bretagne devint une société de masse essentiellement urbaine et industrielle. Le caractère antique des conditions de vie matérielles sous le règne de Victoria s'opposait nettement aux développements spectaculaires et déroutants qui intervenaient à ce moment-là : un droit de vote plus étendu, le chemin de fer, le bateau à vapeur, le télégraphe, l'électricité, le tramway. [...]
[...] Dans la sphère internationale, la grande Bretagne devint l'unique incarnation d'une longue tradition ininterrompue alors qu'en Europe, la majorité des grandes dynasties avaient été remplacées par des régimes républicains. C'est le fait de la continuité à une période de troubles et d'incertitude internationale, qui conféra au rituel royal britannique ce caractère si exceptionnel et traditionnel et continua a célébrer la persistance de la Grande-Bretagne comme grande puissance. Conclusion : de 1953 à Aujourd'hui, le déclin de la puissance Britannique ? [...]
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