L'ouvrage consiste en une compilation d'articles, donnant lieu à différentes approches sur les régimes nazi et communiste, quant à leurs rapports entre les formes du pouvoir et la société.
Malgré leurs différences idéologiques éminemment reconnues, la comparaison entre les trois régimes (en comprenant le fascisme) est recevable dans la mesure où il s'agit de comprendre l'« imprégnation » de ces régimes et leur perception afin d'en dégager la question de la « capture » (C. Lefort)...
L'autre perspective d'analyse est celle de l'adéquation ou non de ces régimes au modèle totalitaire en gardant la méthode comparative, ce qui conduit à différentes interprétations.
[...] Or, ici ; ce n'en est pas l'objet. La mise en valeur des différences intrinsèques et des réalités historiques permet de ne pas verser dans le manichéisme. Cependant, il est souvent fait référence au révisionnisme d'Ernst Nolte. Celui-ci, rappelons-le, donne la thèse suivante : le fascisme fut engendré par le communisme, en réaction à ce dernier. De même, Nolte identifie les camps d'extermination au goulag, le goulag étant la mise en pratique de l'extermination de la classe bourgeoise. Néanmoins, si les auteurs (Dam'e et Drabkin, Bourretz) s'accordent à critiquer la thèse de Nolte arguments sont choquants et faux »d'autant qu' »ils rappellent trop ceux du national-socialisme (Bourretz)- l'exemple de Nolte permet révéler le danger de la comparaison qui réside dans la banalisation de la spécificité nazie, crainte déjà exprimée par R.ARON. [...]
[...] Dans Staline dans le miroir de l'autre, la comparaison de M. Levin fait apparaître cependant les différences quant au régime de terreur, contre un ennemi extérieur juifs- et contre un ennemi intérieur même les plus proches collaborateurs-susceptible d'alimenter la paranoïa de Staline. Enfin, M. Ferro fait apparaître les faiblesses du régime soviétique, de par l'émergence de pouvoirs autonomes et parallèles qui s'installent progressivement dans les interstices d'un Parti-Etat, malgré l'ambition de celui-ci de revêtir un caractère totalitaire. Le totalitarisme, un modèle descriptif et non explicatif. [...]
[...] Bourretz parle de «l'énigme totalitaire En effet, il apparaît difficile d'appliquer un modèle normatif, comme celui de Hanna Arendt, à des réalités historiques différentes, à des spécificités propres à chaque pays. L'historien ne peut pas prendre le totalitarisme comme un modèle explicatif, mais seulement comme un modèle descriptif. Les interprétations menant à des controverses historiographiques. Des controverses majeures sont nées quant à l'interprétation des régimes. D'une part, T Mason analyse l'opposition, au sein des historiens allemands, entre les fonctionnalistes et les intentionnalistes. Or, interpréter le génocide comme fonction des conditions de la guerre (fonctionnalistes) revient à banaliser le nazisme et l'extermination industrielle des Juifs au nom d'une idéologie raciste. [...]
[...] Lefort aurait pu être plus intelligible, du moins plus compréhensible. Le totalitarisme est avant tout une notion, un schéma intellectuel. Mais ni le fascisme, ni le nazisme, ni le communisme ne reproduisent à l'identique cet idéal-type. En outre, la tendance actuelle est de considérer ces régimes comme une parenthèse dans le Vingtième Siècle. Cependant, ce dernier est qualifié »Age des extrêmes par E .J Hobsbawm et de par le poids de ces régimes dans les mémoires collectives, la parenthèse évoquée ne peut être refermée. [...]
[...] Furet et E.Nolte dans l'ouvrage de la même collection, Fascisme et communisme, aurait mérité une présence dans ce recueil de textes afin d'éveiller le sens critique. Dans un second temps, une autre lacune doit être soulignée. Dans l'analyse des structures du pouvoir et dans celle du phénomène totalitaire, la démarche est de montrer que «les idées ne courent pas toutes nues dans la rue» (J.Julliard), autrement dit d'analyser la portée sur les sociétés et les populations. Toutefois, un thème n'a été que peu développé, du moins pas assez, celui de l'utilisation de la propagande dans ces régimes -monopole du(es) régime(s) totalitaire(s)- en vue de la mobilisation des populations Ceci est pourtant un thème cher à M. [...]
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