"Au fond je suis un hygiéniste", disait Roger-Henri Guerrand lors d'une interview en 1997. En effet, cet historien a consacré toute son oeuvre à l'histoire du quotidien. Après avoir fait une hypokhâgne à Rennes tout en militant à la Jeunesse Etudiante Chrétienne (la JEC), il devient professeur à l'école d'architecture de Paris-Belleville; c'est le premier français à soutenir une thèse consacrée à l'histoire du logement populaire en 1966. Il a notamment publié Brève histoire du Service social en France (1976), Les Lieux, histoire des commodités (1985), Moeurs Citadines (1992), et Le Confident des Dames, le bidet du XVIIIème au XXème siècle (1998). Les Lieux retrace toute l'histoire des latrines publiques et privées de Paris en particulier, du Moyen-Âge jusqu'au début du XXème siècle; Moeurs Citadines est un résumé de tous les réaménagements et transformations des villes de France au XIXème siècle. Le schéma social traditionnel voudrait que ce soit un changement de moeurs général qui donne naissance aux réaménagements; est-il alors possible que ce soit l'évolution des mentalités d'une élite minoritaire, hommes d'état et médecins, qui entraîne les transformations urbaines et sociales, celles-ci entraînant à leur tour l'évolution des moeurs de tous les citadins de France ?
Nous nous intéresserons dans un premier temps à l'histoire de l'hygiène du quotidien à Paris (les lieux et le problème des déchets), pour déboucher dans un deuxième temps sur l'hygiène sexuelle; nous parlerons ensuite des villes balnéaires et thermales; une dernière partie sera consacrée à l'avènement des transports.
[...] Quelle est en effet la perception que l'on a du sexe au XIXe et surtout comment adapter la vie quotidienne à cette perception ? II. L'hygiène sexuelle 1. La masturbation C'est donc dans les lycées que cette lutte commence. Le censeur doit écarter les livres et dessins "dangereux pour les moeurs" qui entrent dans l'université (comme les Contes de La Fontaine, Manon Lescaut, les Feuilles d'Automne). Comme sous l'ancien régime, l'accès aux maisons d'éducation est interdit aux femmes. L'infirmerie et la buanderie, si elles sont confiées à des femmes doivent être isolées du bâtiment. [...]
[...] Le rituel thermal dure trois semaines, le matin est consacré aux soins, l'après-midi aux distractions. On se rend d'abord à la buvette, pour boire les eaux. Ensuite viennent les soins, décrits par Mme de Sévigné : ‘'on est toute nue dans un petit lieu sous terre, où l'on trouve un tuyau d'eau chaude qu'une femme vous fait aller où vous voulez. Derrière le rideau se met quelqu'un qui vous soutient le courage pendant une demi-heure''. À vichy on compte 20 médecins en 1870 ; 50 en 1890 et 100 en 1914 ! [...]
[...] Tout comme dans les villes balnéaires, l'afflux de population nécessite des aménagements urbains. Les vacances donnent le goût des loisirs III) La ville du repos 1. Arcachon, la ville climatique, dirigée par les médecins Naissance de la station hivernale En 1853, le docteur Émile Pereyra découvre en la ville d'Arcachon l'endroit parfait pour créer une station hivernale curative : climat tempéré, air chargé d'émanations et vivifiantes des pins et proximité de l'océan. Pereyra recommande les bains d'eau de mer, l'absorption de cette même eau, l'enfouissement dans le sable pour soigner les rhumatismes, la faiblesse musculaire, la folie; le docteur F. [...]
[...] Ainsi, ce n'est pas la masse qui a donné l'impulsion de la réforme urbaine par ses besoins, mais une petite classe de la société, représentée par la bourgeoisie en ce qui concerne l'hygiène et la vision du sexe et par la haute société pour le tourisme et les loisirs. La révolution des mœurs se fait donc par le haut et la majorité s'adapte aux nouvelles situations. Personne n'avait réclamé de transports urbains, pourtant à peine ont-ils été créés à Paris qu'ils étaient déjà rentrés dans les mœurs par les journaux, le théâtre et la littérature. Le XIXe a donc été le siècle des grandes mutations de mœurs. On peut seulement regretter que le livre de Guerrand laisse de côté les villes françaises pour se concentrer sur Paris. [...]
[...] Mais la rigueur des positions médicales se fait sentir et nombreux sont ceux qui voudraient voir leur ville transformée. De plus, on privilégie depuis 1911 la montagne à la mer pour les cures et les sanatoriums. Ainsi, lorsque Lalesque meurt en 1937, la ville d'hiver perd le peu de clientèle qui lui reste et seuls demeurent la ville d'été et ses touristes Les villes thermales Historique des villes thermales jusqu'au second empire Au XIXe, la France occupe le premier rang européen pour les stations balnéaires (160 en 1880 contre 72 pour l‘Allemagne pourtant à la deuxième place). [...]
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