C'est à la fin de sa vie, dans les années 1990, que François Mitterrand écrit ses "Mémoires interrompues" dont l'écriture a été interrompue par sa mort. Cette œuvre est la dernière de Mitterrand. Par conséquent, elle est d'une importance extrême pour l'homme politique. En effet, c'est la dernière marque que l'homme va laisser sur l'Histoire de la France à laquelle il a participé.
Il y a tenu une place importante étant donné qu'il a été président de la France pendant quatorze années ! D'autant plus que son mandat s'est achevé en 1995 soit un an avant sa mort. Ainsi, lorsqu'il écrit ses Mémoires, François Mitterrand ne procède pas tel un vieil homme qui fait un réel bilan du passé.
Il est clair que la proximité de l'homme avec l'Histoire à laquelle il a participé fait de ce document une œuvre qui ne sera absolument pas objective. Cela est compréhensible dans la mesure où François Mitterrand venait à peine de quitter la sphère politique. Notons d'ailleurs que ce livre se présente sous la forme d'une entrevue entre George Marc Benamou, journaliste, et François Mitterrand. Le journaliste pose des questions auxquelles l'ex-président de la République tente d'apporter un certain nombre de réponses.
[...] Il met ainsi l'accent sur le caractère grégaire des Français plus que sur leur soutien à De Gaulle (page 149). Il considère aussi négativement le caractère de l'homme et affirme qu'il est allé jusqu'à nommer un chef de la résistance peu compétent dans l'objectif de pouvoir tout diriger (page 131). Il apparaît d'ailleurs que c'est De Gaulle qui a contacté François Mitterrand, que c'est le Général qui avait besoin de son aide, notamment du fait de la nécessité de la présence d'un français pour la découverte des camps de concentration (page 155). [...]
[...] Le journaliste pose des questions auxquelles l'ex-Président de la République tente d'apporter un certain nombre de réponses. Cependant, dans une note de l'éditeur, on trouve un élément capital : le manuscrit a été entièrement rédigé par François Mitterrand. On sait donc que tout le discours a été choisi, a été modifié par François Mitterrand. Ce n'est donc pas une simple interview où il pourra être piégé, mais c'est réellement le sujet des Mémoires qui a ici l'ascendant sur l'inclinaison de l'?uvre. [...]
[...] Pour François Mitterrand cela ferait perdre toute crédibilité au parti. Et en effet, c'est à cela que l'on a pu assister durant la campagne présidentielle de 2007 avec le rapprochement opéré par Ségolène Royal vers François Bayrou après le premier tour. Il se permet aussi de prévoir les scores des candidats socialistes au second tour des élections présidentielles en déclarant Ainsi le candidat de la gauche, au second tour d'une élection présidentielle, doit tout aussi mécaniquement atteindre les 46 à Or, rappelons que Ségolène Royal a atteint des suffrages en 2007. [...]
[...] Pourtant, malgré cette dernière remarque, François Mitterrand dépeint un De Gaulle comme étant plus dictateur que républicain. Comme dans Le Coup d'État Permanent, oeuvre la plus connue de François Mitterrand, il s'agit de remettre en question la légitimité de la Vème République et de ses institutions. Notamment, en établissant un parallèle entre les dérives de la Première Guerre mondiale et l'attitude de De Gaulle, on peut voir une critique implicite du Général. En effet, une partie de l'historiographie a pour coutume de considérer que la brutalisation (terme utilisé par François Mitterrand page 117) de la Grande Guerre est l'une des causes de la Seconde Guerre mondiale. [...]
[...] On peut donc par exemple dire que c'est François Mitterrand lui-même qui a choisi de procéder par ordre chronologique. Néanmoins, notre examen du livre choisira plutôt une réflexion thématique dans le but de décrypter les objectifs du livre. Ainsi, il s'agit de traiter de la vision donnée par François Mitterrand de Charles de Gaulle avant de réfléchir sur la campagne de déculpabilisation à laquelle procède François Mitterrand par rapport à des accusations concernant son action dans le gouvernement de Vichy pour finir sur un bilan dressé par François Mitterrand concernant sa vie politique française (III). [...]
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