Né en 1850, Gérard Noiriel est un historien français spécialiste de l'immigration en France ainsi que de la naissance et de l'évolution de l'État Nation.
Souvent qualifié de socio historien, il s'intéresse particulièrement aux liens forts existants entre les évènements historiques et leur contexte social. A la fin des années 1980 avec Le creuset français, il apparaît comme le pionnier dans un domaine alors polémique et illégitime qui est l'histoire de l'immigration française.
Enfin, dans le but de comprendre l'approche et l'objectif de l'ouvrage ici étudié, il est important de noter que Gérard Noiriel est à l'initiative de la création du Comité de Vigilance face aux Usages publics de l'Histoire (CVUH) en 2005 ayant pour but de "comprendre les logiques et légitimités des questionnements des groupes mémoriels, et de l'articulation de l'histoire au politique".
[...] Ainsi, bien que les faits soient accablants, face à la pression des nationalistes sur les jurés, tous les inculpés sont acquittés. Cependant si le procès expéditif a initialement pour but d'apaiser les tensions et de faire oublier cet épisode, l'injustice du verdict provoque l'exact effet inverse. Face à la polémique ravivée, les gouvernements italiens et français décident alors "d'enterrer les morts et réparer les dégâts pour oublier". Le règlement à l'amiable et l'absence de funérailles publiques laissent donc une plaie ouverte dans la mémoire aigues-mortaise et piémontaise. [...]
[...] La dimension anthropologique étant au centre de l'analyse, il en ressort une écriture tragique qui met en avant l'homme et son attachement à la communauté locale et/ou nationale à laquelle il appartient. C. Une historiographie complexe à établir L'historiographie de l'évènement en lui-même semble avoir été difficile à faire. Compte tenu de la brièveté des rixes (48 heures), la construction de l'évènement par l'historien n'est pas aisée. Il est donc primordial d'appréhender les archives nationales, départementales et communales, mais aussi les témoignages des rares descendants des "Aigues-Mortais de souche" comme la source première de l'écriture du massacre. [...]
[...] Il y a premièrement la communauté aigues-mortaise attachée aux valeurs traditionnelles. Ensuite, nous comptons également les saisonniers descendus de la montagne: ils sont en majorité Piémontais et Ardéchois. Enfin, le dernier groupe rassemble les "trimards c'est-à-dire les vagabonds, dénigrés et exclus de la société, employés par la CSM au nom du travail et de l'intérêt français. Le lendemain du jour férié et donc festif du 15 août 1893, des équipes mixtes sont constituées : les Piémontais forts et robustes sont associés à quelques trimards qui ne suivent pas la cadence folle des Italiens. [...]
[...] L'analyse est donc toujours très documentée, mais pouvons-nous alors parfois regretter certains longs détours factuels pour rendre compte de l'évolution de la commune d'Aigues- Mortes. Au-delà de ce grief, l'historien Noiriel offre tout de même au lecteur une interprétation originale, complète et à très long terme du pogrom. Il est ainsi intéressant de dissocier trois plans d'étude que sont le local, le national et l'international afin de comprendre l'imbrication de ces différents niveaux et l'action des uns sur les autres selon la période et l'enjeu. [...]
[...] Face aux diverses versions des journaux de la fin du XIX° siècle, nous pouvons ainsi saluer le travail d'enquête de l'historien dont le but est de restituer de manière précise et cohérente le déroulement de l'action. Cependant, il est à souligner l'absence de sources d'acteurs fondamentaux tels que la CSM ou encore de l'armée. [...]
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