Très occupé à régler des soucis liés à ses fonctions et ses problèmes spirituels, Martin Luther n'a pas eu le temps d'analyser les effets de ce qu'il enseigne ou prêche. Luther enseigne ce qu'il croit. C'est Dieu qui le lui a révélé. Luther a le sentiment d'adhérer à son Dieu. Pour Luther, c'est lui qui détient la vérité sur la vie chrétienne, ses buts, ses modalités et son esprit. « Moi, voilà ma doctrine », « Ce n'est pas ma doctrine que je prêche, c'est la parole de Dieu ». Il n'est qu'un messager, un révélateur.
Il faut insister sur le fait que la parole de Luther est celle de Dieu et non sa propre doctrine qu'il aurait lui-même élaborée. La pensée de Luther progresse peu à peu, en réaction à l'adversité. « Que je le veuille ou non, je suis bien contraint de devenir chaque jour plus savant, avec tant et de si hauts maîtres pour me pousser et m'exciter à l'envi ». Selon Luther, les responsables de ses progrès sont Eck et Emser, entre autres. L'étude n'est que le moyen permettant à Luther de défendre l'Evangile.
[...] Mais les princes restent sous la domination de l'Empereur. Les villes allemandes du XVIe siècle sont prospères et la bourgeoisie citadine très active. Les villes implantées au milieu des domaines princiers les empêchent de s'étendre. Pourtant, les villes libres sont vulnérables face aux princes, face aux cités rivales, face aux dépenses. Malgré leur puissance économique, les villes sont faibles politiquement. Les Allemands souffrent de ne pas former un pays unifié derrière un chef. Mais ni les villes ni les princes ne veulent accroître les pouvoirs de l'Empereur au risque de perdre leurs privilèges. [...]
[...] L'attitude de Luther scandalise les révoltés. Luther compose des écrits qui justifient la cruauté dans la répression des révoltés car les princes sont maîtres chez eux et que la miséricorde n'a rien à voir avec le monde temporel. Quelle raison aurait- on de montrer aux paysans une si grande clémence ? S'il se trouve des innocents parmi eux, Dieu saura bien les protéger et les sauver, comme il a fait de Loth et de Jérémie Si Dieu ne les sauve pas, c'est qu'ils sont criminels [ ] (p.164) Voilà, tout ce qui explique, selon Febvre, la fureur homicide de l'écrit de Luther. [...]
[...] "Martin Luther, un destin", Lucien Febvre (1928) 1. Très occupé à régler des soucis liés à ses fonctions et ses problèmes spirituels, Martin Luther n'a pas eu le temps d'analyser les effets de ce qu'il enseigne ou prêche. Luther enseigne ce qu'il croit. C'est Dieu qui le lui a révélé. Luther a le sentiment d'adhérer à son Dieu. Pour Luther, c'est lui qui détient la vérité sur la vie chrétienne, ses buts, ses modalités et son esprit. Moi, voilà ma doctrine (p.74), Ce n'est pas ma doctrine que je prêche, c'est la parole de Dieu (p.74). [...]
[...] Inspiré, Luther transmet la parole de Dieu. Mais il ne donne aucun mérite à ses études théologiques ou au fait qu'il enseigne. C'est pour cela que selon Lucien Febvre, Luther n'est ni un docteur, ni un théologien : un prophète (p.77). En tant que prophète, personne qui tient, d'une inspiration que l'on croit être divine, la connaissance d'événements à venir et qui les annonce par ses paroles ou ses écrits, il va prendre la tête de l'Allemagne qui, pour peu de temps, se croira unie. [...]
[...] Luther n'a pas le souci d'établir la justice. Les Allemands doivent accepter leur condition et leurs institutions. Selon Luther, les princes sont nécessaires, envoyés par Dieu, pour faire régner l'ordre. Ainsi malgré leurs vices, les princes sont respectables. Luther oppose nettement vie spirituelle et vie matérielle, le mondain, obéissant aux lois et le chrétien, affranchi des dominations, libre. Dès l'été 1524, la guerre des paysans éclate. Luther intervient en avril 1525 et publie son Exhortation à la paix. Il y traite un point de religion. [...]
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