Maistre (Joseph de), Considérations sur la France

Résumé du document

Analyse et critique de la pensée réactionnaire de Joseph de Maistre, de ses considérations sur la Révolution française et sur la notion de Providence. Joseph de Maistre est une personnalité de la réaction politique ; Il s'est rendu célèbre par les critiques qu'on pouvait lui porter plus que par la pertinence de ses écrits. Le travail qui suit est également essentiellement critique et ne se borne à relater la pensée de l'auteur que lorsqu'elle peut servir à étayer un commentaire ou une argumentation. Cette analyse critique se fera sur base de confrontations à d'autres auteurs qui furent ou non ses contemporains, tenants de thèses inverses ou ressemblantes ; elle tentera d'analyser les procédés mis en oeuvre par son auteur pour valider sa thèse, et, le cas échéant, les dissimulations, les manipulations auxquelles il aura recours pour justifier ses thèses

Extraits

[...] Au cours des sujets évoqués plus haut, on a pu se rendre compte de l'importance manifeste de procédés rhétoriques tels que ceux d écrits par Hirschmann. Il pousse la thèse de l'effet pervers au rang de logique et ,comme je l'ai remarqué plus haut, par là, contredit la " marche naturelle " qu'il défend. Constamment, il effectue un déplacement d'identité de ce qui est à ce qui peut être. Il confond l'ordre du possible avec celui de l'être. Il use d'une logique fallacieuse d'autant plus désagréable qu'elle est présentée comme expérimentalement prouvée et infaillible. [...]

[...] Une conclusion clôturera le travail. Thèse de l'auteur : Les " Considérations sur la France " constituent une réflexion destinée à dénoncer l'aberration du principe même de la Révolution française. Maistre se sert d'une théorie enlevant aux hommes toute responsabilité dans les événements qui se produisent après 1789. La révolution française serait un chamboulement incontrôlable, irrésistible, une force autonome se jouant de ses prétendus acteurs. Ainsi, Maistre dévoile l'erreur funeste que représente la Révolution française dans sa globalité, puisqu'elle a en fait toujours échappé à tout contrôle humain, et s'est même joué de ceux qui pensaient la dompter. [...]

[...] Celui qui est coupable ou complice de régicide peut se voir, selon une loi qui n'a jamais souffert d'exception " punir sans délai et de la manière la plus terrible En tuant le Roi , on commet un meurtre d'une atrocité sans pareille, car on assassine un innocent en qui réside la souveraineté de la nation et, qui plus est, est investi par Dieu. Il y a donc une dimension de crime contre le créateur, d'insulte à la toute-puissante providence tout à fait démente. Maistre insiste encore sur le fait que les coupables d'un tel forfait sont innombrables; le régicide est toujours national. [...]

[...] Les structures archaïques du pays : l'état central est assez faible, et les juridictions sont différentes selon les régions ; cette situation ne favorise ni, l'économie, ni le progrès . Les tensions entre les nobles et les bourgeoisie sont attisées par les nobles prétendant à une réaffirmation des droits féodaux. De plus, une grave crise frumentaire secoue le pays en 1788. Aucune de ces causes ne sont abordées par Maistre, qui ne considère que les pêchés des hommes et la Providence régulatrice comme raisons au chamboulement. Pour de nombreux théoriciens, la Révolution fut une catastrophe entièrement due à ces causes (et d'autres). [...]

[...] Maistre est une fois de plus prisonnier de sa théorie . Quelques critiques historiques Il est certains points historiques que Maistre a tendance, apparemment, à manipuler pour valoriser ses théories. A l'égard de la manière dont Maistre présente le Roi, on est en droit de se poser plusieurs interrogations. D'après Maistre, le Roi était une victime innocente et abandonnée se tous. Son interprétation prête à croire qu'aucun allié n'a agi en sa faveur lors des événements révolutionnaires. Rien n'est plus faux ; On sait, à la lecture des cahiers de doléances que la majorité de la paysannerie vénère le Roi en 1789. [...]