Avec Le Livre noir du colonialisme Marc Ferro ne tente pas de faire une simple compilation des états des différentes colonies, ni un inventaire des crimes commis par colonisateurs et colonisés et encore moins un ouvrage de repentance, comme on a pu le lui reprocher. L'objectif de l'ouvrage est de déterminer ce qui a été l'essence du colonialisme et de réussir à montrer ce que le régime belge au Congo léopoldien, l'Algérie française, les Indes britanniques ou encore le protectorat japonais en Corée avaient de commun. A travers les différents chapitres, Marc Ferro et son équipe de chercheurs tentent à la fois d'aborder le colonialisme sous tous ses aspects, c'est-à-dire sur tous les continents, à toutes les époques, dans toutes ses logiques (assimilation, domination-exploitation, pillage-destruction…), mais aussi de problématiser la notion de colonialisme pour en saisir le sens, les évolutions et sa traduction dans la vie des colonies.
L'introduction de l'ouvrage, rédigée par Marc Ferro, est ainsi entièrement consacrée à la définition du terme colonialisme : il l'oppose à l'idée d'expansion territoriale et le distingue de l'impérialisme (nommé aussi « néocolonialisme »). A la lecture de cette introduction le colonialisme semble donc désigner une pratique des nations « industrielles » (Europe, Etats-Unis et Japon) consistant à soumettre politiquement un peuple jugé « inférieur », souvent méprisé, dans le but de servir les intérêts de la nation. Les intérêts sont multiples : exploitation de richesses économiques, appropriation de terres à des colons formant un « trop-plein » de population en métropole, établissement de bases militaires et de relais pour les navires, envoi des « indésirables », création de débouchés commerciaux, etc. L'idée centrale du colonialisme est que le colonisateur, nettement supérieur au colonisé, peut disposer de ce dernier à sa guise. Le colonialisme est donc empreint d'un racisme qui « justifie » qu'on ne respecte pas l'homme qu'est le colonisé. Pour certains, ce racisme vient du fait qu'il n'appartient pas à la société avancée et dominante, pour d'autres du fait qu'il n'appartienne pas à la « race des seigneurs ».
[...] Si bien que l'on a l'impression dans ce chapitre que l'histoire coloniale est réécrite sous son aspect le plus sombre. Le manque de données sûres Cet ouvrage permet de comprendre que l'histoire coloniale est difficile à plusieurs égards : Parfois l'historien ne dispose d'aucune source. Certains faits historiques, comme le massacre des Indiens d'Amérique du Nord, ne peuvent s'appuyer sur un ensemble de données fiables[16]. Les informations dont dispose l'historien sont lacunaires pour plusieurs raisons : les victimes de la colonisation n'ont pas établi de données sur elles-mêmes (population, coutumes ) et les colonisateurs les ont omises ou si grossièrement faussées qu'elles sont inutilisables. [...]
[...] Il est en effet avéré que les colons ont été racistes, mais il pourrait être intéressant d'essayer de déterminer si cela était par expérience, par orgueil, par intérêt, par peur ou encore par ignorance. Pour cela, il semble que l'étude de cas particulier pourrait apporter de nouveaux éléments. Un ouvrage polémique Un sujet sensible Si l'ouvrage est un travail scientifique de qualité, neutre et objectif, il est néanmoins très polémique. Tout d'abord Le Livre noir du colonialisme annonce dès son titre que sa position par rapport au passé colonial est une posture très critique, ce qui le rend d'emblée polémique. [...]
[...] Le chapitre développe les effets qu'a eus la colonisation sur les rapports entre hommes et femmes et sur la condition des femmes des pays occupés par les Européens. Il met en avant le cortège de viols et de pressions exercées sur les femmes triplement exploitées dans leur travail productif et reproductif, et dans leur sexualité et souligne la perte générale de pouvoir des femmes là ou un tel pouvoir existait avant la colonisation. Représentation et discours : La dernière partie étudie un phénomène capital pour comprendre l'histoire coloniale : la représentation de la colonie. [...]
[...] L'idée centrale du colonialisme est que le colonisateur, nettement supérieur au colonisé, peut disposer de ce dernier à sa guise. Le colonialisme est donc empreint d'un racisme qui justifie qu'on ne respecte pas l'homme qu'est le colonisé. Pour certains, ce racisme vient du fait qu'il n'appartient pas à la société avancée et dominante, pour d'autres du fait qu'il n'appartienne pas à la race des seigneurs Dans les premières pages du livre, Marc Ferro rappelle que le colonialisme, au même titre que le nazisme et le communisme, est une forme de totalitarisme et que certaines de ces pratiques (tortures, existence d'individus sans droits, massacres et génocide) sont semblables aux pratiques de l'Allemagne nazie. [...]
[...] Ces tableaux, établis à partir des chiffres publiés dans Le Livre Noir du colonialisme, donnent une idée de l'ampleur du phénomène qui bat son plein au XVIIIe siècle ainsi qu'au début du XIXe. Domination et résistance : La partie baptisée domination et résistance est la plus longue et la plus détaillée des cinq parties de l'ouvrage. C'est dans cette partie que l'on aborde l'histoire de l'ensemble des pays ayant connu la colonisation répondant à un objectif d'exploitation ou d'assimilation. Cette histoire commence invariablement avec une période de soumission des peuples colonisés, vaincus par des corps expéditionnaires militaires mieux équipés et souvent très violents. [...]
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