Les lieux de mémoire, Pierre Nora, mémoire française, oeuvre didactique, historiographie
Pierre Nora, historien et éditeur, membre de l'Académie française, est directeur d'études à l'EHESS. Il se qualifie lui-même d'historien occupant une « position latérale » dans le milieu universitaire français, dont il n'a jamais réellement fait partie.
Son rôle d'éditeur lui a donné une grande influence sur le milieu intellectuel français : en effet, en créant chez Gallimard des collections consacrées aux sciences sociales, Pierre Nora fit connaître au plus grand nombre les travaux de référence d'auteurs contemporains de premier rang (Furet, Dumézil, Lefort…).
[...] L'ETAT Le code civil Jean Carbonnier La célébrité du juriste, restreinte aux professions juridiques, n'a pas laissé de souvenirs sur les places publiques ou dans les manuels d'histoire à destination du grand public. Ainsi, le centenaire du Code civil, en 1904, ne donna lieu qu'à une commémoration en Sorbonne et à l'édition d'un recueil d'articles savants. Cependant, à la fin du XVIIIème siècle, le droit avait bien plus qu'aujourd'hui pénétré la culture, et le dialogue entre techniciens du droit et philosophes des Lumières était alors fécond. [...]
[...] Alors que le territoire de France se stabilisait au XIIIème siècle, la célébration de la prise de possession par le peuple franc (alors assimilé au peuple français) du territoire que Dieu lui avait attribué commença à émerger. C'est ainsi qu'on s'avisa de commémorer la bataille de Joyenval où Clovis vainquit les Alamans avant sa conversion. Si une légende déjà ancienne faisait des rois francs les descendants des exilés troyens, la figure de Clovis permettait de rattacher l'image du fondateur au sol de France et à l'Eglise catholique. Le château de Montjoie, près de Joyenval où le chemin de Clovis avait croisé le chemin de Dieu attira nombre de pèlerins, attirés par de nombreuses légendes de miracles. [...]
[...] La figure de Saint Denis, protecteur des rois de France, accompagne à partir de ce moment l'âme des rois de France au Paradis. Devenu peu à peu un lieu de pèlerinage, la nécropole consacre, dans son organisation même, la légitimité dynastique des rois de France : la disposition des tombeaux suggère que Saint Louis et Philippe Auguste descendent de la race de Charlemagne (ce que la généalogie de la mère de Philippe le Bel semblait confirmer), et conjurent ainsi la prophétie de Saint Valéry prédisant le retour des Carolingiens après sept règnes d'usurpateurs capétiens. [...]
[...] Il est à noter que Les lieux de mémoire ont acquis si rapidement et si totalement le caractère de "classiques" que, reçu sous la Coupole, Pierre Nora s'est vu attribuer par Jacques Revel du surnom "notre Lavisse". Pensée comme un "anti-Lavisse", l'ouvrage dont Pierre Nora a été le maître d'oeuvre aura donc eu un destin similaire à l'Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu'à la Révolution et à l'Histoire contemporaine de la France. Mon appréciation Œuvre de référence par excellence, les lieux de mémoire, et son livre II (la Nation) m'a séduit par l'érudition extrême dont chacun des intervenants fait preuve. [...]
[...] Les limites entre domaines seigneuriaux, jusqu'au XIIIème siècle, étaient claires dans les zones densément peuplées, mais donnaient lieu à de fréquents conflits dans les régions quasi-désertiques, où des points de repères (haies, cours d'eau) n'ont été que lentement déterminés. Longtemps ces limites féodales n'ont pas été une question centrale : elles s'inscrivaient en effet dans des zones de marches qui avaient leur vie et leurs règles propres, et où l'influence des seigneurs était fluctuante. A partir de la fin du XIIIème siècle, la mémoire d'une nouvelle limite émergea : celle du royaume. [...]
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