Ce document est une lettre écrite par un caporal de la Grande Guerre. Elle constitue un témoignage des expériences des soldats du début de la guerre. L'auteur, observateur direct de ce qu'il décrit, nous laisse penser que le contenu se rapproche d'une vision, française certes, mais retranscrite telle qu'elle est ressentie. Outre un certain manque d'objectivité, on peut hypothétiquement reprocher quatre autres facteurs pouvant affecter sa sincérité, l'extrapolation à l'ensemble des poilus et enfin la véracité de ces dires. Tout d'abord, le fait que la lettre soit destinée à son épouse Eugénie et à sa fille Marthe peut l'entraîner à minimiser la dureté du front et les dangers qu'il encoure. D'autre part, les combats de la guerre étant différents selon la géographie et la période concernée, on ne peut pas considéré cette lettre comme représentative de la situation de beaucoup de soldats mais bien d'un cas particulier au sein d'une armée étendue sur un vaste territoire. La véracité du récit en lui-même peut enfin être remise en question à travers une quelconque intervention de la censure, garante du moral des populations arrières.
[...] La rareté même des biens matériels tels que les feuilles pose le décor du dénuement. La protection aux armes qu'il décrit est un facteur de l'enterrement des soldats. Toutefois, c'est aussi par cette fixation géographique des combats qu'est apparu depuis peu (et la bataille d'Ypres) le gaz moutarde. Les autres éléments, tels que la lampe qu'il décrit de façon minutieuse démontrent peut-être la volonté de retranscrire de la manière la plus fidèle qu'il soit ce qu'il vit. Cependant, le caporal ne se plaint pas de sa condition, qui s'améliore proportionnellement à l'éloignement de la première ligne. [...]
[...] Les quelques charmes qu'il arrive à dégager peuvent être divers : la perspective d'une fin de guerre rapide (on est en pleine période de Course à la mer et le front n'est pas encore totalement stabilisé) ou encore les expériences vécues, qu'elles soient humaines ou guerrières. Nous reviendrons sur ce dernier point plus tard. Toutefois, il est fort probable qu'il ne s'agisse pas de grandes frasques mais d'éléments positifs auxquels il se rattache pour conserver un moral dans le meilleur état possible. La vie souterraine en est encore, surtout du côté français, à ses balbutiements. En effet, le Haut commandement français n'a pas perdu la perspective d'une guerre courte et surtout de mouvement. [...]
[...] Une autre attitude est toutefois perceptible, à l'image de Teilhard de Chardin, qui dans la Nostalgie du Front évoque le manque de cette secrète vertu de la ligne du front : l'expérience d'une immense liberté, une sorte de délivrance de soi au profit de quelque essence humaine plus haute. En évoquant les associations d'anciens combattants, on retrouve aussi une certaine ambivalence. Certes, cela dénote une solidarité, sociabilité, et même un travail mémoriel. Cependant, on discerne à travers ces associations une communautarisation par des clivages politiques, révélatrice des clivages qui traversent la société au sortir de la guerre et de l'éclatement de l'Union Sacrée. [...]
[...] Il est primordial pour lui de montrer qu'il est vivant, que ce soit à sa famille ou à lui-même, à travers diverses émotions. La portée du texte On peut se demander, à l'instar de Jacques Meyer, si la vie quotidienne dans les tranchées a marqué l'ancien soldat. Effectivement, ce dernier estime que l'impact négatif est dû à la frustration de certains espoirs bâtis pendant le combat. L'impression de la der des der qui justifiait l'enthousiasme de Charles Péguy ou encore les grèves pacifistes telles celles de 1917 a eu un impact moral important. [...]
[...] Les conditions de vie sont plus supportables. En effet, en cette fin d'automne, le froid perce à travers l'équipement des soldats. Le pantalon rouge est plus dangereux que protecteur et le barda est un poids supplémentaire d'aucun secours face à une baisse des températures. L'absence d'angoisse permanente permet, outre un possible sommeil, d'envisager le secours d'un feu, ce qui est impossible à portée de tir. Ainsi, la possession d'un canon leur permet de tirer à de longues distances et supprime ce confort aux Allemands. [...]
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