La laïcité face à l'islam, Olivier Roy, laïcité, laïcité et islam, islamophobie, sécularisation
Né en 1949, Olivier Roy est un politologue français, spécialiste de l'islam. Son livre "Laïcité face à l'islam", paru en 2006, s'inscrit dans son actualité dans la mesure où le débat sur la laïcité en France prenait une dimension relativement virulente. En 2004, la loi portant sur les signes religieux dans les écoles publiques alimentait déjà la polémique autour du port du voile. Parallèlement, les expulsions d'imams ont éveillé un sentiment d'attaque contre les musulmans que l'on définit alors "d'islamophobie". Ce livre pose la question de la compatibilité entre l'islam et la laïcité en approfondissant des concepts tels que la sécularisation ou le néo-fondamentalisme. Il offre une analyse poussée des enjeux à prendre en compte afin de mieux aborder et comprendre ce débat.
[...] L'application intégrale de la charia n'a jamais qu'un idéal voire un slogan politique. Si la loi détermine le champ de la laïcité, la société détermine ce qui relève de la religion pour ce qui est de la sécularisation. Dès lors, il ne peut y avoir de réforme théologique que si elle s'articule sur des enjeux culturels et sociopolitiques perçus par les croyants. La crise de l'Etat souverain laïque et les nouvelles formes de religiosité Crise de l'Etat-nation jacobin : la mission de construire et penser la société de l'Etat s'effrite. [...]
[...] Quelques distinctions claires sont à faire : La laïcité n'est pas la sécularisation : ces deux notions ne sont pas synonymes et peuvent évoluer l'une sans l'autre. La sécularisation est un phénomène sociétal qui ne requiert aucune mise en œuvre politique dont l'expression se traduit par le déclin de la pratique religieuse tandis que la laïcité est plus explicite : c'est un choix politique qui définit de manière autoritaire et juridique la place du religieux (p30). Ainsi, une société peut être séculière sans être laïque (Royaume-Uni, Danemark) et peut être laïque sans être séculière (Etats-Unis). [...]
[...] Le vrai problème de l'Islam réside dans la sécularisation. Le débat sur la laïcité reste donc un débat d'idées interne à l'Occident sur des valeurs conservatrices de la famille (avortement, homosexualité, place de la femme, reproduction artificielle). [...]
[...] Ces nouvelles formes de religiosité sont individualistes, mobiles, faiblement institutionnalisés, anti-intellectualistes et souvent communautaristes (oummah). Emergence d'une société civile qui échappe au contrôle de l'Etat. Conclusion de l'auteur: ce n'est donc pas l'Islam le problème mais la religion ou plutôt les formes contemporaines du retour au religieux. De même que, ce n'est pas vraiment l'Etat qui est en crise mais la forme interventionniste jacobine de l'Etat qui l'est. Le dogme n'existe qu'à travers une relecture, une religiosité, or l'opérateur principal de la création de la laïcité a été l'ordre politique et non le dogme. [...]
[...] Ou bien encore faisons nous face à une crise de l'Etat souverain qui tenterait de restaurer une laïcité désormais mythique ? Incompatibilité de la laïcité française à l'islam ? L'islam est-il le problème ? La laïcité est une spécificité française parce que touche à son identité par le « haut » (construction européenne) et se fonde aujourd'hui sur un mythe du consensus des valeurs républicaines qui semble s'effriter par le « bas » (les banlieues). D'où les tensions avec l'Islam perçu comme agent menaçant de cette identité. [...]
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