Il s'agit d'une fiche de lecture de l'oeuvre de Jürgen Habermas : L'Espace public.
Ce livre cherche à retracer l'histoire de la sphère publique bourgeoise depuis le XVIIIème siècle jusqu'à sa détérioration à l'époque contemporaine. Il cherche à comprendre comment la notion d'opinion publique s'est construite dans le but de remettre en cause la domination de l'Etat monarchique. Ce faisant, il montre aussi comment cette opinion publique a été pervertie au XXème siècle.
[...] La publicité au sens Kantien s'est transformée en la publicité au sens d'aujourd'hui: de la réclame, de la pub, de la com. Mais cette publicité pervertie c'est aussi la propagande politique, qu'elle soit celle des totalitarismes ou des démocraties. Habermas écrit: « La publicité désignait autrefois démystifier la domination politique devant le tribunal public de la raison. La publicité aujourd'hui se contente d'accumuler les comportements-réponses dictés par un assentiment passif. » Dans l'Etat-providence où domaine privé et public s'interpénètrent, la sphère publique ne se constitue que pour une durée limitée à celle des élections qui n'ont plus qu'une finalité acclamative. [...]
[...] L'Espace public, paru en 1962. Ce livre cherche à retracer l'histoire de la sphère publique bourgeoise depuis le XVIIIème siècle jusqu'à sa détérioration à l'époque contemporaine. Il cherche à comprendre comment la notion d'opinion publique s'est construite dans le but de remettre en cause la domination de l'Etat monarchique. Ce faisant, il montre aussi comment cette opinion publique a été pervertie au XXème siècle. On part donc de ce que Habermas appelle la sphère publique bourgeoise qui apparaît avec le développement de l'Etat moderne et l'émergence d'une nouvelle classe sociale: la bourgeoisie. [...]
[...] Dans l'analyse d'Habermas, le principe de publicité se fait donc critique face à la domination de la monarchie. Mais à la fin du XIXème siècle, s'enclenche un renversement du principe de publicité comme principe critique de transparence. Un siècle plus tôt, la société bourgeoise était parvenue à se libérer -avec la révolution française notamment- en tant que sphère privée de la domination de l'Etat notamment, à travers l'apparition d'un État constitutionnel bourgeois sous-tendu par un libéralisme politique et économique -révolution 1830-. [...]
[...] Ainsi, juge Habermas, au moment où il écrit ce texte -dans la seconde moitié du XXème siècle- si la discussion existe encore, elle n'est que formelle, et est réduite à l'état de produit de consommation plongé dans la culture de masse. Les médias travestissent la discussion en la retirant aux spectateurs et aux auditeurs. En bref, l'opinion publique autrefois outil offensif et défensif contre la domination se retrouve aujourd'hui pour manipuler et pour dominer. Comment renverser cette domination? Habermas propose dans les années 90, un nouveau modèle de démocratie appelé « démocratie délibérative » qui vise à remettre au cœur du politique la discussion citoyenne. [...]
[...] C'est dans cette sphère publique bourgeoise qu'émerge l'opinion publique. Elle naît des discussions qui prennent place dans des lieux concrets de la vie sociale et intellectuelle de l'époque: les salons, les cafés, etc. Ces discussions produisent des débats, des polémiques, qui sont médiatisés à travers la presse écrite naissante (Gazette de France, Journal de Paris). Habermas rappelle l'apport du philosophe allemand Emmanuel Kant à la construction de cet idéal de la sphère publique. Dans un texte célèbre qui cherche à répondre à la question « Qu'est-ce que les Lumières », Kant écrit: « Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. [...]
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