Jean Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914, « dernier jour de la paix en version Belle Époque » : les signes de la guerre sont présents et la tension se fait sentir dans les grandes villes, tension que Jaurès désigne comme le principal danger dans « Sang-froid nécessaire », son dernier article dans L'Humanité, davantage que « les événements eux-mêmes ». Malgré tous les efforts diplomatiques de Jaurès, l'ambassadeur allemand remet l'ultimatum à Viviani. Les militaires ne veulent pas perdre de temps dans la course à la mobilisation et pressent les civils : les préfets ont ordonné aux maires de sommer les propriétaires de chevaux et de voitures à se tenir prêts pour la réquisition. Jaurès a encore pour projet ce jour-là de convaincre Viviani d'assister la Grande-Bretagne dans son rôle d'arbitre quand il est abattu au café du Croissant à Paris vers 21 h 15 par Raoul Villlain, un déséquilibré influencé par la presse nationaliste. C'est que Jaurès passe pour un traître à son pays dans son effort pacifiste, ce qui n'empêche pas la réunion d'une grande foule le soir même rue Montmartre. Le lendemain Viviani fait placarder une affiche qui salue l'action de Jaurès en direction de la paix et du sens du devoir des ouvriers. Et c'est autour de cette mort que s'est constituée l'union pour la défense nationale (« Jaurès est mort ! Vive la France ! » titre Le Bonnet rouge). La mort de Jaurès est en effet ressentie comme l'échec du mouvement ouvrier face à la menace de la guerre. Jaurès n'avait pourtant pas perdu espoir et lors d'un meeting le 29 juillet il s'était porté garant de la volonté pacifique du gouvernement, même s'il ne se faisait pas d'illusions. Le gouvernement, dans un geste en direction du monde ouvrier, décide le 1er août de ne pas faire appliquer le carnet B qui recensait les anarchistes et syndicalistes antimilitaristes à enfermer à l'entrée en guerre. Le même jour est lancé l'ordre de mobilisation. Jaurès n'aurait sans doute pas changé le cours des choses mais sa mort facilite la résignation, il est « moins encombrant mort que vivant ». Il est symboliquement devenu la première victime de la guerre et sa mort coïncide donc avec le basculement de la République et du socialisme français dans le XXème siècle
[...] Elle a également révélé que le monde ouvrier n'était pas prêt à défendre la République et ses valeurs dans lesquelles il ne voyait pas son émancipation : l'agitation populiste et raciste de 1898 regroupe aussi beaucoup d'ouvriers. Le socialisme est encore trop divisé. Chapitre 6 : L'historien Jaurès, philosophe et homme politique, fut aussi historien à ses heures. Il voit dans le progrès un élément moteur de l'histoire et de l'évolution biologique de l'espèce et la source de la morale et de la religion à l'échelle individuelle et sociale. [...]
[...] C'est aussi pendant qu'il est élu municipal qu'il confronte ses idées à la réalité ouvrière. Il aide à régler le conflit des traminots en 1891 et c'est à cette époque qu'il fixe ses conceptions sur la lutte sociale : même si la grève peut être une nécessité de défense elle ne constitue pas le moins du monde un moyen d'émancipation et de progrès Il ne s'entend pas avec les groupes socialistes isolés les uns des autres : son entrevue avec Jules Guesde le 27 mars 1892 par exemple ne donne pas de suites. [...]
[...] Autrement dit, Combes est plus utile que Marx. (JP Rioux) Chapitre 8 : L'unitaire dans l'âme Dès 1898, après sa défaite à Carmaux, Jaurès prône l'unification des socialistes. Déjà, la classe prolétarienne est une vaste étendue homogène de misère et de servitude. Il existe, de plus, une unité des idées et des principes, le socialisme. Désormais, il souhaite une unité d'organisation. Bien sûr, il peut y avoir des divergences de méthodes ou des dissentiments (socialisation plus ou moins rapide, rapport à la petite propriété ) qui peuvent être dépassés puisqu'il reste l'idéal socialiste en commun. [...]
[...] Jaurès a encore pour projet ce jour-là de convaincre Viviani d'assister la Grande-Bretagne dans son rôle d'arbitre quand il est abattu au café du Croissant à Paris vers 21 h 15 par Raoul Villlain, un déséquilibré influencé par la presse nationaliste. C'est que Jaurès passe pour un traître à son pays dans son effort pacifiste, ce qui n'empêche pas la réunion d'une grande foule le soir même rue Montmartre. Le lendemain Viviani fait placarder une affiche qui salue l'action de Jaurès en direction de la paix et du sens du devoir des ouvriers. Et c'est autour de cette mort que s'est constituée l'union pour la défense nationale Jaurès est mort ! Vive la France ! titre Le Bonnet rouge). [...]
[...] Néanmoins, il reste très conscient des insuffisances de la politique gouvernementale : les terribles grèves du textile à Lille à l'automne 1903 mettent en valeur les insuffisances de la législation sociale, il s'oppose en politique extérieure à l'alliance avec la Russie du tsar. L'unité est surtout imposée de l'extérieur par la pression de l'Internationale dirigée par la sociale-démocratie allemande, au discours très dur, mettant en avant la lutte des classes et le refus des concessions à l'ordre établi. Elle donne plutôt raison au PSDF. Ainsi, au congrès de l'Internationale à Amsterdam en août 1904, Jaurès est marginalisé face à un Guesde ragaillardi. C'est désormais le PSDF qui mène la danse pour l'unité. [...]
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