L'auteur fut professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem. Dans ce livre, comme dans ses précédents ouvrages, "Hors du ghetto" et "Exclusion et tolérance", il traite des problèmes de l'assimilation, du mouvement de réforme, de l'émancipation et de l'antisémitisme. J. Katz a pu avoir accès aux bibliothèques de plusieurs loges européennes et il se sert ici du statut des Juifs dans la franc-maçonnerie comme exemple de leur position dans l'Etat et la société.
Le problème de l'existence de Juifs au sein de la franc-maçonnerie tournait autour de la définition et de l'essence de l'ordre tout entier. Katz insiste sur le principe d'universalisme qui présida à l'origine de la franc-maçonnerie. D'après la « première obligation » de la constitution d'Anderson (1717), un maçon est obligé d'obéir à la loi morale et n'est astreint qu'à « cette religion sur laquelle tous les hommes sont d'accord..., c'est-à-dire d'être hommes de bien et loyaux », quelles que soient les confessions, « de la sorte que la franc-maçonnerie est le centre d'union et le moyen de nouer une amitié sincère entre des hommes qui n'auraient pu que rester perpétuellement étrangers ». L'auteur de la constitution ne pensait pas alors aux Juifs, mais lorsque la question de leur admission se présenta en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle, le principe posé fonctionna assez bien. La constitution de la Grande Loge de France (1755) rendit en revanche le baptême obligatoire.
[...] «Nous sommes bien obligés de reconnaître, disait le Convent Eclectique en 1837, que leur participation à la maçonnerie a fait progresser leur propre culture à pas de géant Un Jésuite estima en 1842 que seules 200 des familles juives de Francfort étaient demeurées orthodoxes. Les trois loges mères de Berlin, quant à elles, réaffirmèrent que leurs principes étaient spécifiquement chrétiens, mais c'était avant tout des protestations de circonstances, faisant suite aux attaques du Die evangelische Kirchenzeitung, dirigées par le protestant orthodoxe Ernst Wilhelm von Hengstenberg contre une Franc-maçonnerie vue comme mouvement déiste hostile au christianisme (1853). Cette période de réaction marquait en fait le début d'une ère nouvelle. [...]
[...] Au cours de la Révolution et de l'hégémonie françaises, accepter ou refuser les Juifs comme membres préoccupa nombre de loges, d'autant que les Juifs se montraient plus désireux d'intégrer des loges locales. La décision de chaque loge dépendait de la position prise par la loge mère : les loges de rite anglais comme la Grande Loge de Hambourg ou celles fondées sous les auspices du Grand Orient de Paris se montrèrent tolérantes. En effet, les restrictions à l'encontre des Juifs semblent avoir été levées en France au moment la Révolution. [...]
[...] L'association Juifs et francs- maçons devint donc un slogan populaire avant et pendant l'affaire Dreyfus en France, entre les deux guerres en Allemagne et dans l'Europe de l'Est. La notoriété de la formule fut à son comble avec la publication des Protocoles des Sages de Sion qui prétendait fournir les comptes rendus d'une séance des Sages des juifs lesquels, ligués avec les loges maçonniques, ourdissaient un complot pour s'emparer du contrôle du monde. Ce pamphlet, publié en Russie, se diffusa en des millions d'exemplaires dans de très nombreuses langues. [...]
[...] Un des cinq fils Rothschild en fut membre. Toutefois, la plupart des loges allemandes refusèrent de la reconnaître, et ce fut la Grande Loge de Paris qui autorisa sa fondation. Après la défaite de Napoléon, il fallut rompre avec la loge parisienne. Les succès des Juifs ne furent pas définitifs (il y eut une période de réaction à l'égard des Juifs à partir de 1815), et c'est à Berlin, où pourtant Juifs et chrétiens commencèrent à se rapprocher socialement à l'époque de Mendelssohn, que se cristallisa l'opposition la plus farouche à l'admission des Juifs. [...]
[...] Les premiers signes d'une coalition contre les francs-maçons et les Juifs apparurent surtout en Allemagne et en France vers 1860-1870. Le livre d'Eduard Emil Eckert, La véritable signification de l'ordre franc-maçon, traduit en français en 1854, rencontra un terrain plus fertile en France qu'en Allemagne où les Juifs avaient combattu bien plus longtemps pour pouvoir entrer dans les loges. Progressivement, la Franc-maçonnerie apparut à certains auteurs comme le résultat de machinations juives. Par exemple, Gougenot de Mousseaux, dans Le Juif, le Judaisme et la Judaïsation des peuples chrétiens (1869) en veut pour preuve le cas d'Adolphe Crémieux, devenu le chef du rite écossais et l'un des fondateurs de l'Alliance israélite universelle. [...]
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