Le contexte de l'écriture de "Suite française" est tout à fait particulier, puisque le roman décrit les évènements qui se déroulent sous les yeux de son auteur. "Suite française" est en réalité une série de cinq romans, dont deux seulement ont été entièrement achevés : "Tempête en juin" et "Dolce". Ils décrivent respectivement l'exode des habitants de Paris avant l'arrivée de l'armée allemande dans la ville et la vie d'un village français pendant l'occupation, avec son apparente tranquillité et les dilemmes qui déchirent les habitants.
Les trois romans suivants devaient avoir pour titre "Captivité", "Batailles" et "La Paix", bien que le doute de l'auteur transparaisse dans ses notes d'écriture.
[...] Irène Némirovsky, "Suite française" Irène Némirovsky est née le 24 février 1903 à Kiev dans une riche famille juive ukrainienne. Elle reçoit une éducation stricte visant à faire d'elle une femme du monde érudite : elle apprend et parle donc parfaitement le russe, l'anglais et le français. En janvier 1918, sa famille fuit la révolution rouge et passe un an en Finlande avant de s'exiler de nouveau et de s'installer définitivement en France en juillet 1919. Avant même l'obtention de son bac, l'année de son arrivée à Paris, Irène Némirovsky écrit en français et en 1921, publie son premier texte dans un petit journal, Nonoche chez l'extralucide. [...]
[...] Suite française, est ainsi publié en 2004, après 60 ans de déchiffrage de manuscrits presque illisibles, et autant de temps d'hésitation quant à l'intérêt de la publication d'écrits pouvant être considérés comme inachevés. A sa sortie, l'ouvrage connait un succès immense, à la fois en librairie et auprès des critiques, puisqu'en plus d'être vendu à des centaines de milliers d‘exemplaires, Irène Némirovsky et sa Suite française sont couronnées du Prix Renaudot 2004, une première à titre posthume. Le contexte de l'écriture de Suite française est tout à fait particulier, puisque le roman décrit les évènements qui se déroulent sous les yeux de son auteur. [...]
[...] Suite française a donc un intérêt tout particulier : sa lecture dans un but historiographique permet d'observer les sentiments divers par lesquels sont déchirés à la fois les personnages et l'auteur lui-même. Juive de naissance, agnostique par conviction et convertie au catholicisme par praticité, Némirovsky a un œil critique envers les juifs, sans pour autant faire preuve de compréhension envers les Allemands, de même que son positionnement fortement anticommuniste ne l'amène pas non plus à dénigrer la résistance. [...]
[...] Irène Némirovsky devient une figure littéraire connue et reconnue, totalement intégrée dans la société française, mais la nationalité française lui est refusée par le gouvernement français. Mariée en 1926 à un ingénieur russe, Michel Epstein, à la synagogue, elle se convertit avec son mari au catholicisme en 1939. Pourtant en octobre 1940, à la publication du Statut des Juifs, l'hebdomadaire conservateur Candide interrompt leur collaboration, et alors que Gringoire un autre journal notoirement antisémite dans lequel elle écrit, continue de la publier sous pseudonyme car les lois antisémites de Vichy (promulguées pour l'essentiel en 1940) démettent Michel Epstein de ses fonctions et interdisent Irène de publication. [...]
[...] Il a également été souligné qu'Irène Némirovsky a bien plus souvent écrit dans des publications de la presse d'extrême droite -même sous l'occupation allemande- que dans des journaux de gauche et a reçu à ce titre les compliments de Robert Brasillach, qui voyait en elle la retranscription en français de ce qu'il décrivait comme la mélancolie russe due à l'anéantissement des valeurs morales par la Révolution communiste. Le caractère inachevé de l'œuvre laisse forcément le lecteur sur sa faim, mais les qualités historiographiques des descriptions font de ce roman un témoignage intéressant. [...]
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